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Justice

Corps retrouvés dans la Seine à Choisy-le-Roi : Stop Homophobie lance un appel à témoins

L’association invite «toute personne ayant aperçu le suspect ou disposant d’informations» à la contacter et annonce son intention de se constituer partie civile, alors que la piste de crimes homophobes est sérieusement envisagée par les enquêteurs.
Les corps ont été retrouvés le 13 août dans la Seine à hauteur de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne). (Bertrand Guay/AFP)
publié aujourd'hui à 14h35

Après la mise en examen dimanche 24 août et le placement en détention provisoire du principal suspect des meurtres de quatre hommes, dont les corps ont été retrouvés le 13 août dans la Seine à hauteur de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), l’association Stop Homophobie a annoncé se porter partie civile et lancer un appel à témoins. Car selon le Parisien et le Monde, la piste de crimes homophobes est sérieusement envisagée par les enquêteurs, au moins pour une partie des victimes.

Dans un communiqué publié dimanche 24 août, l’association de lutte contre les discriminations et la haine anti-LGBT note que «si le mobile n’est pas encore établi, plusieurs sources proches du dossier évoquent l’hostilité de l’accusé à l’encontre de l’homosexualité». «Face à ces éléments, l’association Stop Homophobie va se constituer partie civile et lance un appel à témoin», poursuit le document.

Dans cette affaire, les investigations sur les quatre corps ont été réunies au sein d’une information judiciaire pour «meurtres en concours», une qualification permettant des gardes à vue plus longues et le recours à des techniques spécifiques d’enquête. Les autopsies et les examens complémentaires menés sur les cadavres ont notamment permis d’identifier des «lésions de violences, évocatrices d’une strangulation» sur deux corps et conduit à l’ouverture d’enquêtes pour homicides confiées à la police judiciaire parisienne, selon le parquet de Créteil. Cette même source souligne qu’un troisième corps présente «une trace suspecte» dont l’origine n’a pas encore été déterminée.

«Eviter d’autres drames»

Le secrétaire général de Stop Homophobie, Terrence Khatchadourian, compte sur cet appel à témoins pour «comprendre la chronologie des faits et éviter d’autres drames». «A chaque fois qu’on a lancé un appel à témoin, on a eu des retours, dit-il à Libération. Dans les guet-apens, il y a souvent des gens qui ont vu et qui ne parlent pas. On essaie de leur faire comprendre qu’on est là et qu’on est avec eux.» «Nous ne pouvons ignorer la dimension homophobe qui transparaît déjà dans ce dossier», insiste-t-il dans le communiqué.

De son côté l’avocat de l’association, Me Etienne Deshoulières, explique qu’«il est essentiel de faire toute la lumière sur le mobile de ces crimes. A défaut, la justice sanctionnerait l’auteur, sans comprendre les causes profondes de cette violence.» Si peu d’éléments ont filtré sur le mis en cause – un homme SDF à «l’identité incertaine» âgé d’une vingtaine d’années et connu de la justice pour des vols – les abords de l’endroit où ont été retrouvés les corps sont connus comme étant un lieu de «cruising», c’est-à-dire un de ces espaces naturels ou urbains où peuvent se rencontrer des hommes gays. Pour au moins l’une des victimes, des traces ADN mélangées avec celles du suspect au niveau du pubis et des cuisses suggèrent un rapport sexuel.