La justice malgache a condamné ce vendredi à dix et vingt ans de travaux forcés deux Français accusés d’avoir fomenté un coup d’Etat contre le président Andry Rajoelina avec une vingtaine d’autres prévenus. Pour les cinq accusés contre lesquels le parquet avait requis la perpétuité, le jury a opté pour des peines de prison assorties de travaux forcés : 20 ans pour le Franco-malgache Paul Rafanoharana, cinq ans pour son épouse Voahangy et 10 ans pour un ancien colonel de l’armée française, Philippe François.
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Victor Ramahatra, ancien Premier ministre, a, lui, écopé de cinq ans prison avec sursis. «Nous allons nous pourvoir en Cassation, a immédiatement réagi Solo Radson, avocat de Paul Rafanoharana. Ce n’est pas ce que j’attendais, c’est un verdict injuste, le dossier est vide, c’est un procès politique.» Les avocats ont trois jours ouvrés pour se pourvoir en Cassation. Selon l’avocat général, Arsène Rabe, les 20 prévenus appartenaient à «une organisation criminelle» cherchant à «commettre un attentat contre le président Rajoelina», et ont contribué à mettre sur pied le projet baptisé «Apollo 21» «grâce à des mails, des armes et de l’argent, saisis» lors de perquisitions.
Les Français nient depuis le début
La défense a de son côté tenté d’établir que les liens entre les accusés n’étaient pas solidement établis et que la présomption d’innocence n’avait pas été respectée, en raison notamment de nombreuses fuites dans la presse sur cette affaire. Les accusés dans ce dossier étaient poursuivis pour atteinte à la sûreté de l’Etat, association de malfaiteurs et complot en vue d’assassiner le Président. Depuis leur arrestation fin juillet, certains accusés avaient été placés sous contrôle judiciaire, d’autres, dont les deux Français, en prison.
Paul Maillot Rafanoharana et Philippe François ont toujours nié toute implication dans le projet d’assassinat. L’avocate de l’ancien gendarme avait déjà dénoncé un «procès inéquitable». «Nous n’avons pas eu assez de temps pour préparer la stratégie de défense, avec un accès difficile à nos clients», regrettait-elle. Philippe François a reçu le soutien de ses anciens camarades de promotion à Saint-Cyr, qui se sont dits «convaincus de son innocence» dans un communiqué.
Madagascar a connu une histoire politique mouvementée depuis l’indépendance. Mais c’est bien la première fois que d’anciens militaires français y seraient mêlés à une tentative de déstabilisation pour s’emparer du pouvoir.