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Libération
Rapport de force

Dans le budget 2025, la justice limite la casse

Le projet de loi de finances, présenté ce jeudi 10 septembre, prévoit 10,24 milliards d’euros pour le budget de la justice l’an prochain. Insuffisant selon le garde des Sceaux et le gouvernement, qui promettent de le revoir à la hausse par le biais d’amendements lors du débat parlementaire.
Le projet de loi de finances dévoilé ce jeudi 10 octobre prévoit des moyens de 10,24 milliards d’euros pour le ministère de la Justice l’an prochain, en dessous de l’enveloppe de 10,7 milliards d’euros sur laquelle tablait la loi d’orientation et de programmation. (Alain Guilhot/Divergence)
publié le 10 octobre 2024 à 20h04

Didier Migaud, le ministre de la Justice, craignait d’écoper d’un budget 2025 «pas satisfaisant». Il avait vu juste. Le projet de loi de finances dévoilé ce jeudi 10 octobre prévoit en effet des moyens de 10,24 milliards d’euros pour son ministère l’an prochain, en dessous de l’enveloppe de 10,7 milliards d’euros sur laquelle tablait la loi d’orientation et de programmation du ministère de la Justice votée l’an passé. Mais ces crédits devraient être revus à la hausse par le biais d’amendements au cours du prochain débat parlementaire. Objectif, selon le gouvernement : «Poursuivre les chantiers immobiliers déjà lancés, notamment le plan de 15 000 places de prison, et renforcer les effectifs pénitentiaires et judiciaires.»

Surpopulation carcérale record

Cette relative stabilisation budgétaire en 2025 (+100 millions d’euros par rapport à 2024) faisait l’objet d’un rapport de force intense depuis la rentrée. En transmettant les clés du ministère à son successeur, Eric Dupond-Moretti avait rappelé qu’il avait substantiellement renforcé les moyens de la Justice, dont le budget était de 7,6 milliards d’euros à son arrivée, en 2020. Pour lui, une «trahison» de la loi de programmation serait un «signal dévastateur». Et les débats récurrents sur les moyens donnés à la Justice pour exécuter la politique pénale – le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, ne s’est pas privé de réclamer davantage de «fermeté» – pouvaient difficilement aboutir à une cure d’austérité imposée au garde des Sceaux.

L’an prochain, ses troupes devraient se garnir de 619 équivalents temps plein (ETP), dont 270 créations de postes dans les services judiciaires et 349 au sein de l’administration pénitentiaire. Un signe de l’accent répressif que souhaite imprimer le gouvernement Barnier. Lors de son discours de politique générale le 1er octobre, le Premier ministre a fait part de sa volonté de créer des «peines de prison courtes et immédiatement exécutées pour certains délits». Sauf qu’avec près de 80 000 détenus entre leurs murs pour 62 000 places, les prisons françaises n’ont jamais été aussi saturées.

Les précédents gouvernements tablaient sur la construction de 18 000 places de prison d’ici à 2027 pour porter la capacité à 78 000 places opérationnelles. Selon une source proche du dossier à l’AFP, sur cet objectif, seules 4 500 places ont vu le jour à ce stade.