Le ministère de l’Intérieur ne connaît pas la crise. Le projet de loi de finances pour l’année 2025, rendu public ce jeudi 10 octobre, fait de la Place Beauvau un château fort, protégé des coupes budgétaires qui touchent de nombreuses administrations. Le gouvernement prévoit une hausse de 587 millions d’euros pour la mission «Sécurités» qui regroupe la police, la gendarmerie et les services de gestion de crise. Cette enveloppe passerait, en cas d’adoption du texte par le Parlement, de 16,7 milliards en 2024 à 17,3 milliards d’euros en 2025. La mission «Administration générale et territoriale de l’Etat», qui comprend notamment les missions préfectorales, est aussi en hausse, passant de 3,85 milliards 4,15 milliards d’euros.
«Volume d’emplois stable sur l’année 2025»
«Pour faire face à toutes les menaces et aux besoins importants en matière de sécurité, les moyens des forces de sécurité sont consolidés», explique le gouvernement dans le dossier de présentation du projet de loi de finances. Dans le détail, l’exécutif précise que l’augmentation des salaires annoncée en 2022 sera bien respectée. «Ces mesures statutaires et indemnitaires visent à reconnaître l’engagement des forces de sécurité intérieure sur le terrain et au service des citoyens», justifie le gouvernement. Une décision prise en dépit des critiques de la Cour des comptes à ce propos. Dans une note de 2021, la juridiction financière s’inquiétait par exemple, dans la police, d’un «dialogue social asymétrique qui donne facilement droit aux demandes catégorielles et n’aboutit pas à des contreparties suffisantes».
Du côté des embauches de personnels, le projet de loi prévoit une stabilité par rapport à l’année précédente. «Le nombre élevé de postes créés au cours des dernières années sera consolidé, avec un volume d’emplois stable sur l’année 2025», indique le gouvernement. En 2024, le nombre d’équivalent temps plein avait augmenté de 2 303. Ces dépenses de personnel représentent 90 % du budget de la police et de la gendarmerie.
«Modernisation et le renouvellement des équipements»
Mais les autres lignes budgétaires sont également préservées. «Les efforts déployés en matière d’investissement immobilier sont poursuivis notamment par la réhabilitation des commissariats, des casernes de gendarmerie ou des bases de la sécurité civile, ainsi que par la création de nouvelles brigades de gendarmerie», détaille l’exécutif. Le dossier de présentation évoque également «la modernisation et le renouvellement des équipements des policiers et la modernisation de leurs outils».
Le projet de loi de finances pour l’année 2025 respecte donc la trajectoire, voulue en 2022 par Emmanuel Macron, d’augmenter le budget du ministère de l’Intérieur de 20 à 25 milliards en cinq ans. Cet objectif faisait office de volet sécurité dans le programme du chef de l’Etat lors de la dernière élection présidentielle. Un chiffrage qui avait été adopté par le Parlement dans le cadre d’une loi de programmation. Mais ce vote n’avait qu’un caractère indicatif et le gouvernement de Michel Barnier pouvait s’en affranchir s’il le souhaitait. Ce qu’il n’a pas fait.