Le 5 mars, ils sont huit autour d’une table ronde, au rez-de-chaussée de la tour Rodin, la plus haute du quartier du Bois-l’Abbé. Vingt-neuf étages iconiques parsemés de fenêtres qui, de l’extérieur, semblent se parer de noir. Le bâtiment domine Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) et les villes alentour, au sud-ouest de la capitale. Adel, Mamadou, Serge, Walid, Koula, Bamba, Salah, Mamadou ont été réunis par Libération, avec l’aide bienveillante du premier, militant associatif et élu à la mairie de Villiers-sur-Marne. Alors que la question des rixes entre bandes rivales a pris une dimension politique, tous sont là pour raconter une tranche d’histoire des quartiers populaires. Celle des bagarres qui ont opposé des années durant la cité du Bois-l’Abbé, à Champigny, et celle des Hautes-Noues, dans la ville voisine de Villiers. Une rivalité de vingt ans glorifiée par les témoignages des anciens. Autour de la table, tous, a minima, en ont été les témoins. Certains y ont participé.
Jusqu’à récemment, le conflit faisait fréquemment l’actualité de la presse locale, comme à l’été 2017 où les bagarres s’enchaînaient à un rythme effréné. A la sortie des lycées,