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Faits divers

Dans les Côtes-d’Armor, une enquête pour meurtre résolue grâce à l’aide d’un dealer

Le parquet de Saint-Brieuc a annoncé vendredi 15 novembre avoir mis en examen et écroué un homme pour le meurtre d’un habitant de 70 ans survenu dans la commune de Gouarec mercredi. C’est le signalement d’un vendeur de stupéfiants qui a mis la gendarmerie sur la piste.
Mercredi 13 novembre, un important dispositif policier est mobilisé dans cette petite ville de 1 000 habitants coincée entre Carhaix et Loudéac pour arrêter le meurtrier. (Lucas Barioulet/AFP)
publié le 16 novembre 2024 à 12h49
(mis à jour le 16 novembre 2024 à 15h19)

En moins de 48 heures, les enquêteurs ont fait la lumière autour d’un sombre crime. Un record de vitesse qu’ils doivent au signalement d’un trafiquant de drogue. Vendredi 15 novembre, un trentenaire, principal suspect dans l’affaire, a été mis en examen et écroué pour le meurtre d’un homme de 70 ans survenu mercredi à Gouarec, petite commune de 1000 habitants, dans les Côtes-d’Armor. Dans un communiqué publié vendredi, le procureur de la République de Saint-Brieuc, Nicolas Heitz, a reconnu que c’était bien grâce à l’aide du dealer que l’enquête avait pu aboutir si vite.

Tout part de ce signalement fait mercredi 13 novembre en début de journée. La brigade numérique de la gendarmerie est contactée par un homme de 43 ans, qui leur raconte avoir «vu un homme mort dans les toilettes d’un de ses amis». Avant de revenir sur sa version, note le journal Ouest France. Lors de son audition, le quadragénaire reconnait finalement qu’il n’était pas dans le coin par hasard : il se rendait chez son ami/client «pour lui livrer des produits stupéfiants» et affirme «avoir vu le cadavre à cette occasion».

L’enquête est confiée à la brigade de recherches de Guingamp. Dans la foulée, une passante prévient également la gendarmerie au sujet d’un corps étendu sur une pelouse devant des logements d’habitation à Gouarec.

«Plusieurs fractures et lésions au niveau de la face et du thorax»

Tout s’accélère dans l’après-midi de mercredi. Un important dispositif policier est mobilisé dans cette petite ville de 1 000 habitants coincée entre Carhaix et Loudéac. A Ouest France, le maire de la commune, Jérôme Léjart, raconte «l’impressionnant» déploiement des forces de l’ordre autour de la rue Nationale, «des gendarmes, des brigades fluviale et cynophile, des techniciens de l’identification criminelle, le GIGN»… Dans l’ancienne gendarmerie réhabilitée en logements, les agents procède à l’interpellation «difficile» du prénommé Alvin, selon les mots du procureur. Après de longues négociations, l’individu suspecté du meurtre, est finalement arrêté et placé en garde à vue.

Lors de son audition vendredi soir face à la juge des libertés et de la détention, l’homme interpellé raconte s’être «embrouillé» avec la victime, chez lui, le mardi 12 novembre. Selon des propos rapportés par Ouest France, l’homme évoque «un coup de folie» lié «à la drogue». Il dit avoir porté un coup à l’homme de 70 ans, le faisant chuter au sol mais nie toutefois avoir eu l’intention de tuer cet habitant de Gouarec.

Selon le procureur de Saint-Brieuc, «il a ensuite transporté, seul, la victime afin de la mettre au fond du parking et l’avait laissé pensant qu’il était encore vivant», a relaté le procureur de Saint-Brieuc. Et d’ajouter : «le suspect a traîné la victime dehors et l’a laissé sans soins, à la vue de tous, entre 8 heures et 15 heures».

L’autopsie sur le corps de la victime a cependant mis en évidence «plusieurs fractures et lésions au niveau de la face et du thorax, ainsi que des plaies aux membres supérieurs, notamment aux mains, faites avec un objet tranchant», selon le magistrat. Le trentenaire a été présenté vendredi à un juge d’instruction, mis en examen pour meurtre et placé en détention provisoire conformément aux réquisitions du parquet.

Depuis 2011, son casier judiciaire compte 24 condamnations, majoritairement pour des violences et trafic de stupéfiants. Il avait été condamné en décembre 2022 pour menaces de mort sur sa conjointe et recel. Il était muni d’un bracelet anti rapprochement.

Le dealer incarcéré

Devant la juge des libertés et de la détention, ce vendredi, il a aussi concédé consommer du cannabis «tous les jours depuis longtemps» ainsi que de la cocaïne et du crack, «depuis six ou sept mois».

Quant au dealer breton qui avait dénoncé le crime, chez qui les enquêteurs ont trouvé une quantité importante de drogue (près de 24 kg de résine de cannabis, 1,4 kg d’herbe, 137 grammes de cocaïne et 13 cachets d’ecstasy), il a été jugé dans le cadre d’une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité. Et condamné à 24 mois de prison dont 6 mois avec sursis, puis incarcéré.

Le quadragénaire a reconnu vendre des stupéfiants «en grande quantité via l’application Telegram». Selon le parquet, il a expliqué avoir préféré dénoncer le meurtre car «celui qu’il pensait en être l’auteur était dangereux». Aucun lien n’a été établi entre le décès de la victime et le trafic de drogue révélé par l’enquête, souligne le communiqué.