Ce n’est pas rien de mettre en cause l’institution qui est chargée de vous protéger. C’est pourtant ce qu’a fait Yaya (1), le 28 février 2020. Le jeune Guinéen, 16 ans, est sous la responsabilité du département des Hauts-de-Seine depuis qu’un juge l’a reconnu mineur un an plus tôt. Sauf qu’en cet hiver 2020, plus rien ne va. Yaya ne reçoit plus ses 100 euros mensuels destinés à payer son pass Navigo (pour utiliser les transports en commun) ou laver ses vêtements. Il n’a pas d’autres revenus. «Pour la nourriture, j’ai une carte qui me permet de manger des kebabs», explique le jeune homme à l’agent de police judiciaire qui recueille sa plainte contre X pour «délaissement d’une personne incapable de se protéger», que Libération a pu consulter.
Le snack est installé au pied de l’hôtel dans lequel il loge à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, là où il a été installé par le département des Hauts-de-Seine. Ce dernier, parfois, noue des partenariats avec des restaurants proches des lieux de vie des enfants placés. Ce régime alimentaire, qui ferait pourtant envie à n’importe quel ado, est incompatible avec la maladie du foie que le jeune garçon a contractée des années plus tôt. Les kebabs le rendent malade. Son état se dégrade, fait valoir son avocate. Il faut agir vite.
Sauf que l’assistante sociale censée s’occuper du garçon est aux abonnés absents. «Elle est censée m’appeler et venir me voir de temps en temps», s’étonne ce dernier. Plusieurs fois, Yaya s