L’optimisation, l’évasion et surtout la fraude fiscale (cochez la case qui vous conviendra, tant la différence est parfois ténue, que ce soit sur les plans sémantique, pénal ou géographique) ont toujours mobilisé Libé. Du giscardisme finissant au macronisme plus ou moins triomphant, le thème reviendra souvent dans nos colonnes. Question de justice d’abord, mais surtout de défense des petits face aux gros et d’équité devant l’impôt.
A l’origine, était la Suisse, eldorado de l’évasion fiscale à l’ancienne. L’antique affaire Paribas, démarrée en octobre 1980 par une perquisition des douanes, donne le la et l’occasion d’écrire noir sur blanc que «pour la première fois, il est démontré qu’une grande banque d’affaires française enfreint systématiquement la réglementation qu’elle est chargée de faire respecter» en matière de transferts de fonds franco-suisses. Mais tout cela prend vraiment corps après le 10 mai 1981 et l’élection de François Mitterrand, qui provoque une fuite concomitante de capitaux outre-Léman. En novembre, pour dénoncer ces flux sonnants et trébuchants, trois journalistes de Libération, Laurent Joffrin, Sorj Chalandon et Lionel Duroy, s’improvisent transporteurs de fonds. Ils transportent dans des valises des vrais-faux napoléons: des pièces d’or apparemment... mais en réalité en chocolat. L’expérience est concluante : que ce soit en train, en bateau ou à pied, faire passer en Suisse une valise remplie d’argent qu’on veut soustraire au Trésor