Neho Danover n’était pas le meilleur des trotteurs. Sur dix-sept courses réalisées au début des années 2000, il n’en aurait gagné que deux. Pas plus chanceux à sa retraite hippique, c’est dans la ferme du laboratoire Sanofi-Pasteur que le cheval, comme d’autres de ses congénères, a poursuivi sa course. Là, de façon régulière, on lui a injecté à l’encolure des antigènes et des adjuvants, en vue de stimuler ses anticorps avant que son sang ne soit prélevé, le tout à des fins de fabrication de sérums antivenimeux ou antitétaniques. Quatre ou cinq ans de service plus tard, l’animal est définitivement réformé : direction l’abattoir de Narbonne (Aude), où sa carcasse aurait dû finir à l’équarrissage, ses papiers d’identité stipulant – normalement – que sa carrière en laboratoire le rendait «impropre à la consommation humaine».
C’est pourtant sur l’étal d’un boucher qu’a atterri Neho Danover, tout comme Samana Doré, Scipion, Bibiche ou Jolly Jumper. Plusieurs dizaines d’équidés en tout, issus de la ferme Sanofi mais aussi propriétés de particuliers, ou réformés des champs de courses, ou trop vieux pour que leur traçabilité soit clairement établie… Tous théoriquement immangeables selon la réglementation en vigueur, et pourtant transformés en morceaux à cuire, embarqués dans une vaste fraude impliquant toute une chaîne de professionnels du milieu des équidés. Eleveurs, maquignons, bouchers, vétérinaires : vingt-cinq personnes sont attendues ce lundi devant la sixième chambre bi