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Sous tension

Dégradations d’installations électriques : Bayrou annonce que la surveillance va être étendue «à tous les lieux critiques», sans préciser lesquels

Les sabotages sont «une mise en cause de l’ordre public extrêmement grave, destinée à impressionner, terrifier ceux qui organisent de tels événements», a affirmé le Premier ministre lors de la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale.
Poste à haute tension près de Nice, le 26 mai 2025. (SYSPEO/SIPA)
publié le 27 mai 2025 à 18h19

Sans plus de précision, le Premier ministre, François Bayrou, a annoncé ce mardi 27 mai que le gouvernement allait «étendre la surveillance à tous les lieux critiques» après les sabotages électriques qui ont provoqué un black-out massif à Cannes samedi, dernier jour du festival de cinéma, et atteint dimanche Nice où doit se tenir début juin une conférence de l’ONU sur les océans. Nul ne sait à cette heure si le Premier ministre parlait de «lieux critiques» dans les Alpes-Maritimes et dans le Var – départements touchés par les sabotages – ou s’il évoquait l’ensemble du territoire français.

Néanmoins, Libération a pu consulter un télégramme du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, envoyé samedi à tous les préfets de départements et de régions, dans lequel il leur est demandé de «prendre toutes les mesures nécessaires pour renforcer [...] la sécurité des principaux sites et infrastructures du réseau électrique».

Ces sabotages sont «une mise en cause de l’ordre public extrêmement grave, destinée à impressionner, terrifier ceux qui organisent de tels événements», a ajouté François Bayrou lors de la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale.

Reprenant la rhétorique du très proche du Rassemblement national et chef de l’UDR Eric Ciotti – qui parle d’actes «revendiqués par un groupuscule d’extrême gauche, d’ultragauche» –, François Bayrou a affirmé que ces sabotages avaient été revendiqués par un groupuscule d’extrême gauche. Dans les faits, deux groupes se présentant comme des «bandes d’anarchistes» ont revendiqué le sabotage d’installations électriques dans un texte, consulté par Libération, publié dimanche par un média anarchiste. Le parquet de Draguignan indiquait alors à Libé que le texte était «évalué dans le cadre de l’enquête». Une information confirmée le lendemain par son homologue de Grasse, qui précisait que le «communiqué est analysé avec attention».

«Surveillance», «renseignement», «sécurisation»

Il n’empêche que François Bayrou a souligné que la situation restait «risquée en raison de la multiplication et de la connaissance que ces groupuscules ont visiblement de l’organisation du réseau». Le gouvernement va mener «un travail de surveillance», de «renseignement» et de «sécurisation». «Je ne veux pas prétendre devant vous que le risque serait annihilé. Le risque est présent, il est de notre devoir de le prévenir», a-t-il conclu.

Samedi, la coupure a touché jusqu’à 160 000 foyers dans la région de Cannes, où le Festival et sa cérémonie de clôture ont été préservés grâce à un système d’alimentation autonome. Le courant n’a été rétabli qu’aux alentours de 15 h 20. La coupure avait été provoquée par l’incendie d’un poste électrique du gestionnaire du réseau RTE à Tanneron (Var) et la chute d’un pylône de ligne à haute tension dont trois des quatre piliers avaient été sciés à Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes).

Selon le communiqué des deux «bandes d’anarchistes», l’attaque visait à perturber le Festival, mais aussi le site cannois de Thales Alenia Space, qui produit des satellites à usage civil et militaire, plusieurs start-up et l’aéroport de Nice. Cette supposée revendication ne visait en revanche pas les faits commis dimanche à Nice, a assuré le procureur de la ville, Damien Martinelli.

Dans la nuit de samedi à dimanche, un incendie volontaire contre un transformateur électrique dans le quartier niçois des Moulins, un secteur touché par les trafics de stupéfiants, a privé d’électricité 45 000 foyers pendant quelques heures.

Mise à jour mercredi 28 mai à 15h02 : ajout du contenu d’un télégramme de Bruno Retailleau aux préfets consulté par Libération.