«A la veille de la cérémonie de remise des prix du Festival de Cannes et de la soirée de gala, nous avons saboté le principal poste électrique alimentant l’agglomération de Cannes, et scié la ligne de 225 kV venant de Nice.» C’est ainsi que deux groupes se présentant comme des «bandes d’anarchistes» ont revendiqué le sabotage d’installations électriques qui ont notamment perturbé l’organisation du festival de Cannes ce week-end, ont appris BFM-Côte d’Azur et le Parisien ce dimanche 25 mai.
Contacté par Libération, le parquet de Draguignan, en charge des investigations avec son homologue de Grasse, précise que la revendication est actuellement «évaluée dans le cadre de l’enquête», informant en creux que le communiqué n’est pas authentifié à cette heure. Le texte, consulté par Libération, a été publié par un média anarchiste, le même qui listait, il y a plusieurs semaines, les incendies en série qui touchaient alors des véhicules Tesla.
Les auteurs du texte précisent que le sabotage «visait non seulement à perturber le festival, mais aussi à priver de courant les centres de recherche et les usines de Thales Alenia Space, ses dizaines de sous-traitants, les start-up de la French Tech qui s’imaginent à l’abri, l’aéroport et tous les autres établissements industriels, militaires et technologiques de la zone». Répétant de nombreuses fois l’expression «Coupez !» utilisée sur les tournages de films pour marquer la fin du jeu d’une scène, le communiqué critique un «système mortifère», la vente d’armes par la France qui «sème la mort» ou encore les «discours gerbant [des puissants, ndlr] qui veulent nous entraîner dans vos préparatifs de guerre».
205 000 foyers touchés en tout
Ces actes ont provoqué un black-out de plusieurs heures samedi sur une partie du sud-est de la France, et notamment à Cannes, au dernier jour du Festival dont la clôture a pu se dérouler normalement. Peu avant 17 heures, l’électricité avait été rétablie pour l’ensemble des 160 000 foyers privés de courant.
Cette panne massive a été provoquée, selon le préfet des Alpes-Maritimes Laurent Hottiaux, par des «actes graves de dégradations portant atteinte à l’intégrité des infrastructures électriques». Dans la nuit de vendredi à samedi, un incendie sur un poste électrique de très haute tension à Tanneron (Var) avait provoqué une première coupure dans le Var et les Alpes-Maritimes. Puis, à 10 heures, c’est un pylône électrique situé à Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes) qui a subi des «dégradations majeures», selon le préfet. Trois des quatre piliers d’un pylône de la ligne à haute tension alimentant la ville de Cannes «ont été sciés», dans le cadre d’«un acte malveillant», a précisé le procureur de Grasse Damien Savarzeix à l’AFP.
Un nouvel incendie s’est ensuite déclaré dans la nuit de samedi à dimanche sur un transformateur électrique situé à Nice, cible également d’un «acte malveillant» selon le maire, Christian Estrosi. Quelque 45 000 foyers ont alors été momentanément privés d’électricité à Nice et sur les communes voisines de Saint-Laurent-du-Var et Cagnes-sur-Mer, d’après les informations fournies par Enedis. Le réseau de tramway de Nice a été affecté un temps, avec une reprise retardée en début de matinée, et l’aéroport, un temps privé d’électricité, «a été brièvement réalimenté», a déclaré l’adjoint au maire Gaël Nofri. A 6 heures ce dimanche, le courant était totalement rétabli.