Menu
Libération
Analyse

Délits d’outrage et de rébellion: la botte secrète des policiers violents

Article réservé aux abonnés
Les victimes de violences policières se voient souvent reprocher en retour d’avoir insulté les agents ou de leur avoir résisté. Une criminalisation des plaignants qui peut entraver la justice.
Les services de police et de gendarmerie enregistrent chaque année environ 30 000 faits d’outrage contre des personnes dépositaires de l’autorité publique. (Patrick Fouque/Photo12)
publié le 17 août 2022 à 18h07

«Si les policiers m’avaient dit madame, on vous arrête, je les aurais suivis, je ne me serais pas opposée.» Et Caroline L. n’aurait pas comparu, le 7 juin devant le tribunal correctionnel de Paris. Les agents lui reprochent des faits d’outrage et de rébellion au cours d’une manifestation anti-pass sanitaire, à Paris en septembre dernier. Les fonctionnaires étaient absents du procès, et n’y étaient pas représentés. Mais selon leurs procès-verbaux, la femme de 44 ans a «bloqué leur route avec une banderole et donné des coups de pied dans leur bouclier» en criant «ACAB» (acronyme de all cops are bastards, «tous les flics sont des salauds»), dans la station de métro Les Halles, avant de «résister avec violence» à son interpellation et de les insulter.

«Ma version diffère nettement», prévient Caroline L. à la barre. Elle affirme qu’elle rangeait sa banderole dans son sac quand elle a «senti un coup violent sur [sa] tête». Elle a tenté de se protéger en «saisissant la matraque», avant d’être «coincée au sol» par cinq policiers. «Ma poitrine était écrasée, je n’arrivais pas à respirer. J’ai commencé à perdre connaissance et entendu un policier me souffler à l’oreille on va bien t’niquer ta race. J