Jacky Hardel fait comme si, mais on le sent ému. C’est son dernier jour comme délégué du procureur de la République (DPR). Dix ans de face-à-face, pédagogique mais ferme, à faire passer la justice des incivilités et des petits délits, souvent reflets des misères du quotidien, dans un bureau exigu. Dix ans, c’est 3 000 dossiers. L’heure est venue de rendre son badge d’accès au tribunal judiciaire de Coutances (Manche). «J’aime bien qu’on respecte les règles», dit cet ancien responsable des contrôles à la Mutualité sociale et agricole (MSA). Après l’avoir formé cinq mois durant, le septuagénaire en polo passe le flambeau à Jean-Luc Mercier, ex-capitaine de gendarmerie. «Devenir délégué du procureur était une suite logique à mon métier», explique le militaire, conjurant son vague à l’âme de jeune retraité. Une façon, aussi, de rester utile.
En 2019, ils étaient quelque 880 délégués du procureur (et 150 associations), d’après le ministère de la Justice, anciens flics ou magistrats, ex-travailleurs sociaux ou professeurs… Chargés de l’application des mesures alternatives aux poursuites pénales prononcées par le parquet, ce sont les artisans discrets d’une justice du quotidien : celle des infractions de faible gravité, des conduites sans permis ou assurance, des différends entre voisins, des petits larcins, des tags, des pollutio