Une douzaine de personnes ont été interpellées, la plupart en Israël et trois en région parisienne, dans le cadre du démantèlement d’un vaste réseau d’escroquerie en bande organisée ayant arnaqué plus d’une centaine de victimes en France et dans huit autres pays, a-t-on appris ce mercredi 7 mai auprès des enquêteurs. Les longues investigations, déclenchées en 2022 à la suite d’une plainte du Stade Toulousain - cible des escrocs - ont permis d’identifier 121 victimes dans au moins huit pays, pour un préjudice total estimé à 14,4 millions d’euros, selon les mêmes sources.
#GrandTheftEurope
Une opération menée conjointement en France et en Israël lundi matin a conduit à l’interpellation des suspects et à la saisie d’environ 20 000 euros et d’un compte bancaire crédité de 248 000 euros, ainsi que d’un véhicule et de matériel informatique. Le dossier a été confié aux enquêteurs de la police judiciaire de Toulouse, sous la direction d’un magistrat de la Juridiction interrégionale spécialisée du tribunal judiciaire de Bordeaux.
Un faux RIB et 208 000 euros envolés
Tout est parti de la plainte du club de rugby de la Ville rose. Le Stade Toulousain «a payé une facture de 208 000 euros transmise par un prestataire qui réalisait des travaux pour nous», a précisé à l’AFP le secrétaire général du Stade Toulousain, Jean-Philippe Rey. Cette facture, transmise depuis la boîte mail du directeur administratif et financier de la société, comportait un faux RIB. Un mois plus tard, quand l’entreprise a relancé le club pour le paiement, celui-ci a pris conscience de l’arnaque et averti la police.
«Nous avons pu récupérer environ 70 000 euros grâce à des rappels bancaires, mais cela fait une perte de 143 000 euros. […] Nous sommes très contents que l’enquête ait abouti, on ne désespère pas d’être remboursés», a ajouté l’ancien directeur financier du Stade Toulousain, qui compte se constituer partie civile. Un des malfrats a essayé d’arnaquer le club une seconde fois en se faisant passer, en vain, pour le notaire de son président Didier Lacroix.
Dans la cible, des entreprises du BTP et des collectivités territoriales
Après cette plainte, les policiers ont pu «dérouler la pelote» et identifier 121 victimes, dont des entreprises domiciliées en France et un peu partout dans le monde (Belgique, Colombie, Danemark, Espagne, Mexique, Pérou, Suisse et Venezuela), ont précisé ces sources. Dans l’Hexagone, les opérations frauduleuses menées par ce réseau ont surtout visé des clients d’entreprises du BTP et des collectivités territoriales.
Enquête
L’enquête porte sur des faits d’escroquerie, mais aussi de blanchiment aggravé, association de malfaiteurs en vue de commettre un crime, et usurpation d’identité. Elle a permis d’éviter que 18,7 millions d’euros supplémentaires ne soient dérobés par les auteurs des fraudes, ajoutent ces sources. Les hommes interpellés, tous originaires de région parisienne et de nationalité israélienne ou franco-israélienne, sont toujours en garde à vue et les trois suspects détenus en France, dont deux reconnaissent les faits, devraient être mis en examen mercredi, a ajouté une source.