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Controverse

Depardieu dans «Complément d’enquête» : la justice ordonne à la maison de production de remettre les images du haras à l’acteur

Accusée par l’acteur d’avoir manipulé des images diffusées sur France 2 où il tenait des propos sexualisant une petite fille, la société de production Hikari a été sommée par la justice de remettre des enregistrements à l’acteur.
La justice ordonne à Hikari de communiquer les «enregistrements […] correspondant strictement à la séquence filmée en présence de Gérard Depardieu dans le haras». ( Ammar Abd Rabbo/AFP)
publié le 1er juin 2024 à 11h47

Les images de Complément d’enquête, où Gérard Depardieu est filmé tenant des propos obscènes envers une petite fille sur un cheval dans un haras lors d’un voyage en Corée, vont lui être remises. Le tribunal judiciaire de Paris a pris cette décision «dans un souci de transparence», selon une ordonnance de référé rendue ce jeudi et consultée ce vendredi par l’AFP. La justice ordonne donc à la société de production de l’émission de communiquer les «enregistrements […] correspondant strictement à la séquence filmée en présence de Gérard Depardieu dans le haras».

«La société Hikari fait appel de cette décision et France Télévisions s’associe à cette démarche», a indiqué à l’AFP le groupe public, précisant que Gérard Depardieu a par ailleurs été débouté «de toutes ses demandes vis-à-vis» de France Télé (fournir l’intégralité des enregistrements et le constat d’huissier les authentifiant…). Cet appel n’est pas suspensif, a appris Libération auprès de Jérémie Assous, l’avocat de Gérard Depardieu.

L’atteinte au secret des sources n’est pas «avérée» estime le tribunal

Dans ce Complément d’enquête diffusé en décembre 2023, on voit le comédien, confronté à des accusations de viol et d’agressions sexuelles qu’il conteste, multiplier les propos misogynes et insultants envers des femmes et en prononcer d’autres à caractère sexuel lorsqu’une petite fille à cheval passe à l’image, lors d’un voyage en Corée du Nord en 2018 avec l’écrivain et réalisateur Yann Moix. L’acteur souhaite «démontrer n’avoir jamais tenu» ces propos «devant une jeune fille» et que le montage «ne restitue pas» leur réel «destinataire», rappelle le tribunal dans son ordonnance.

«L’atteinte alléguée au secret des sources» avancée par la société de production pour ne pas transmettre ces images «n’est pas avérée», estime le tribunal. «Cette décision interpelle», juge France Télé, «car elle amènerait à ce que tout plaignant exige les rushes [images brutes, ndlr] en cas de désaccord lors d’un reportage, ce qui serait extrêmement problématique au regard de la protection du secret des sources des journalistes».

Une séquence déjà authentifiée par huissier selon France télé

Après la diffusion du reportage, le président Emmanuel Macron avait laissé entendre que la séquence litigieuse avait pu être modifiée au montage, comme l’avait affirmé auparavant la famille de l’acteur. Soucieux d’éteindre les doutes, le groupe France Télé avait fait authentifier le passage incriminé par un huissier de justice. «Il n’y a aucun doute et aucune ambiguïté sur le fait que c’est bien la jeune fille à l’image qui est ciblée par les propos de Gérard Depardieu», avait assuré le groupe public. De son côté, Yann Moix s’était dit «sûr à 99 %» que les propos de l’acteur visaient «une cavalière qui n’était pas la petite fille».

Mis en examen depuis 2020 pour viols et agressions sexuelles sur une jeune comédienne, Charlotte Arnould, Gérard Depardieu sera jugé en octobre 2024 à Paris pour agressions sexuelles sur deux femmes lors d’un tournage en 2021. Plusieurs autres plaintes ont été déposées contre l’acteur de 75 ans, qui nie les faits qui lui sont reprochés.