Un nouvel attentat dans la capitale, à quelques pas de la tour Eiffel. Samedi soir, c’est sur le pont de Bir-Hakeim, une voie très empruntée par les touristes, qu’un homme, muni d’un couteau et d’un marteau, a fait un mort et deux blessés avant d’être interpellé par la police. Depuis les attaques terroristes de novembre 2015, plusieurs lieux emblématiques de Paris ont été ciblés. Moins d’un an après le 13 novembre, la capitale manque de se faire frapper en son cœur historique et touristique.
Dans la nuit du 4 septembre 2016, deux femmes, Inès Madani et Ornella Gilligmann, stationnent une Peugeot 607 devant une petite rue adjacente à la cathédrale Notre-Dame. A l’intérieur de la voiture : six bonbonnes de gaz. Le «commando de femmes», expression du procureur de la République François Molins, asperge la Peugeot de gazole et y jette une cigarette allumée. Au préalable, les deux femmes ont tourné une vidéo de revendication et d’allégeance à l’Etat islamique. Le «carnage» sera évité de justesse. Le véhicule n’explosera pas, et pour cause : contrairement à l’essence, le gazole est «difficilement inflammable». Selon les magistrats en charge de l’instruction, l’explosion d’une seule des six bouteilles «aurait projeté des projectiles sur plus de 100 mètres et occasionné des effets thermiques sur plus de 50 mètres». Inès Madani et Ornella Gilligmann, âgées de 22 à 42 ans au moment de leur jugement en octobre 2019, ont été condamnées à trente et vingt-cinq ans de prison par la cour d’assises spéciale de Paris.
«Soldat du califat»
Ce n’est pas la seule fois que le quartier de Notre-Dame est la scène d’une attaque terroriste. Moins d’un an plus tard, le 6 juin 2017, un assaillant bondit sur trois policiers en faction devant l’hôtel préfectoral qui se situe juste devant le parvis de la cathédrale, blessant l’un d’eux d’un coup de marteau. L’homme, Farid Ikken, un Algérien de 40 ans, ancien journaliste et thésard à l’université de Lorraine, crie «c’est pour la Syrie» et revendique après avoir été neutralisé «être un soldat du califat». Neuf-cents personnes sont enfermées pendant deux heures à l’intérieur de la cathédrale et sont forcées à lever les mains en l’air. Farid Ikken sera condamné à trente ans de prison.
Quelques mois plus tôt, c’est au Carrousel du Louvre, la galerie commerçante du musée, que des militaires sont pris pour cible. Le 3 février 2017, Abdalla El Hamahmi, un Egyptien radicalisé de 33 ans, cible des soldats de l’opération Sentinelle. Il porte un coup de machette sur le crâne d’un militaire, ne lui causant qu’une plaie superficielle au cuir chevelu, avant d’être grièvement blessé au ventre par les tirs d’un soldat. Plus d’un millier de visiteurs restent confinés dans les galeries du Louvre durant de nombreuses heures. Condamné à trente ans de prison, Abdalla El Hamahmi assure lors de son procès que son intention initiale était de détruire des chefs-d’œuvre du musée pour protester notamment contre la politique française en Syrie.
«L’ennemi de l’Intérieur»
Au printemps 2017, les Champs-Elysées subissent coup sur coup deux attaques. Au soir du 20 avril 2017 d’abord, à seulement trois jours du premier tour de l’élection présidentielle, un individu fonce vers un car de police posté sur l’avenue. Karim Cherfi, un trentenaire habitant en Seine-et-Marne, ouvre le feu à l’arme automatique sur le véhicule. Il tue Xavier Jugelé, policier de la 32e compagnie de la Direction de l’ordre public et de la circulation, et blesse deux de ses collègues. Une passante allemande reçoit des éclats de balle dans les pieds. L’attaque est revendiquée dans la foulée par l’Etat islamique. Quelques semaines plus tard, le 19 juin 2017, les forces de l’ordre sont de nouveau attaquées : un fourgon de gendarmerie, qui roule sur l’avenue, est percuté par une Renault Mégane. Le véhicule implose peu après, causant la mort de son conducteur, Adam Lotfi Djaziri, qui résidait en région parisienne. Dans l’auto : deux bonbonnes de gaz, deux armes de poing, une kalachnikov et 9 000 cartouches.
Le 12 mai 2018, c’est armé d’un simple couteau que Khamzat Azimov, né en Tchétchénie et naturalisé français, mène son attaque à proximité de l’opéra Garnier, une zone très touristique du centre de la capitale. Le jeune homme de 20 ans, dans le viseur des services de renseignement depuis plusieurs années, tue un passant et blesse quatre personnes avant de tomber sous les balles de policiers. L’attentat est revendiqué très rapidement par l’Etat islamique, qui diffuse une vidéo d’allégeance de l’assaillant. Un mode opératoire sommaire adopté en octobre 2019, au sein même de la préfecture de police de Paris, par Mickaël Harpon. «L’ennemi de l’Intérieur» est un informaticien de 45 ans de la prestigieuse institution, converti à l’islam depuis une dizaine d’années et dont la radicalisation n’avait pas été détectée par les services de renseignement. L’homme, muni d’une lame de 33 centimètres, tue quatre de ses collègues avant d’être abattu.