Dans une caserne d’un bataillon de la police militaire brésilienne, un policier parisien, Steve L., pose fièrement, devant un hélicoptère, avec le drapeau de son unité dans les mains. La photo est postée en juin 2022 par le compte Instagram de l’amicale de la compagnie de sécurisation et d’intervention de Paris (CSI 75), et likée par l’un des plus hauts responsables de la préfecture de police, le directeur de l’ordre public et de la circulation, Jérôme Foucaud. Le cliché est accompagné de cette légende : «Stage au Brésil pour l’un des effectifs de la CSI 75 avec pour objectif de savoir patrouiller dans des milieux à hauts risques (style favelas…)» Sur d’autres photos, publiées quelques jours plus tôt par le bataillon d’actions spéciales (Baep) de la police militaire de Campinas, près de São Paulo, on voit le même agent, patch «Police nationale» au bras, en action lors d’exercices réalisés avec cette unité.
Les polices militaires, propres à chaque Etat du Brésil, sont chargées de la sécurité publique. Elles comptent en leur sein des bataillons chargés des «opérations spéciales» qui accumulent les accusations de violences, d’exécutions sommaires et de bain de sang. Le plus connu d’entre eux est le «Bope» dont l’insigne représente une tête de mort plantée d’un poignard, sur fond de pistolets croisés. L’ex-président d’extrême droite Jair Bolsonaro, au pouvoir de 2019 à 2022, avait fait de ces bataillons un emblème de sa politique répressive. Dans