C’est une enquête administrative édifiante, dont les conclusions n’ont jamais été rendues publiques. Discrètement commandé fin 2019 à l’Inspection générale de la ville de Paris par la maire, Anne Hidalgo, suite à des soupçons de corruption dans des déchetteries de la capitale, ce rapport dévoilé par Libération a pourtant connu des développements judiciaires. Trois agents municipaux sont jugés ce vendredi pour avoir touché au moins 200 000 euros de la part de professionnels du BTP en échange du dépôt illégal de leurs déchets entre début 2016 et fin 2021. Selon l’enquête de la section économique et financière du parquet de Paris, l’argent était réparti «équitablement» entre les membres d’un même groupe. Poursuivis pour «corruption passive» et «blanchiment aggravé», ils encourent jusqu’à dix ans d’emprisonnement. Une affaire emblématique, pour ne pas dire systémique.
Si la lecture de ce rapport permet de comprendre le dossier jugé à Paris, il met surtout en lumière les incroyables dysfonctionnements qui ont longtemps régné dans les déchetteries parisiennes, véritable far-west pris d’assaut par des entreprises prêtes à tout pour évacuer leurs gravats. «Le risque de corruption est majeur», souligne le rapport de l’Inspection daté de novembre 2020, à l’origine de l’enquête pénale. Contactée, la mairie de Paris affirme s’être engagée depuis dans la mise en place progressive d’une série de mesures visant à lutter contre de telles dérives, notamment