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Libération
Mobilier peu urbain

Des rochers dans le centre-ville: la mairie de Calais toujours plus loin «pour empêcher les migrants de s’installer»

Migrants, l'hécatombedossier
Depuis lundi, des centaines de tonnes de rochers ont fait leur apparition dans la ville. L’objectif : rendre plus difficile l’installation et les distributions de repas aux exilés.
Des rochers ont été installés dans le centre-ville de Calais. (Sameer al-Doumy/AFP)
publié le 16 septembre 2022 à 18h45
(mis à jour le 16 septembre 2022 à 18h45)

Des associations d’aide aux migrants ont dénoncé ce vendredi l’installation par la mairie de Calais de nombreux rochers sur plusieurs zones herbeuses du centre-ville, visant selon elles à «empêcher l’installation de tentes» de migrants en transit vers l’Angleterre. Depuis lundi, des centaines de tonnes de rochers ont fait leur apparition dans la ville, notamment sur les quais du Danube et de la Meuse, deux voies situées non loin de la gare. De longues zones herbeuses et un terre-plein, «qui servait cet été de lieu de vie» à de nombreux migrants, selon les associations, ont été entièrement recouverts de rochers, placés à moins d’un mètre les uns des autres.

Le campement visé «était déjà expulsé quotidiennement depuis le 3 août, jusqu’à une très grosse expulsion la semaine dernière, lors de laquelle les personnes ont été déplacées vers le quai de la Meuse. Désormais, toute réinstallation est impossible», déplore Pablo Ovan, coordinateur communication de l’association Human Rights Observers (HRO). D’autres zones du centre ont été «entourées de rochers», de manière à «rendre plus difficiles les distributions» de nourriture et de matériel par les associations, ajoute l’humanitaire.

«Dans la lignée de la politique»

«Je fais quoi? Je laisse faire? tente de se justifier la maire Natacha Bouchart, LR ralliée à Emmanuel Macron, dans la Voix du Nord. Si on ne veut pas de campements gênants en centre-ville, je me dois d’agir. Ça ne sert à rien de démanteler pour que deux heures après, ils viennent se réinstaller.» Le coût de l’opération rochers ? 45 000 euros.

En juin, la mairie avait déjà «installé des grillages» pour chasser les personnes exilées installées sous les ponts du centre-ville, a aussi dénoncé Pauline, autre coordinatrice de HRO. «C’est dans la lignée de la politique “zéro points de fixation des exilés à Calais”, qui pousse les populations à toujours se réinstaller sur des terrains plus éloignés du centre-ville, et donc à les invisibiliser», pointe Ludivine Colas, coordinatrice nationale de l’association Utopia 56. «En parallèle de ce genre de dispositif», «rien n’est mis en œuvre pour proposer un vrai accompagnement aux personnes exilées», que le trafic migratoire vers les côtes anglaises aimante dans la zone, regrette-t-elle.