Il publiait ses messages haineux sur la boucle Telegram «Division aryenne française» (DAF), dont il était administrateur. Un jeune homme de 19 ans appartenant à la mouvance néonazie, interpellé mercredi dans le Bas-Rhin, a été condamné à deux ans d’emprisonnement dans la nuit de vendredi à samedi 20 juillet pour avoir proféré des menaces sur internet. Cette peine ayant été assortie d’un mandat de dépôt, il a été incarcéré. Le tribunal correctionnel de Paris a également prononcé une interdiction pour le jeune homme de détenir une arme pendant cinq ans, et a demandé la suspension de son accès à plusieurs groupes sur les réseaux sociaux.
Placé en garde à vue mercredi à la sous-direction antiterroriste (Sdat) de la police judiciaire, il lui était reproché d’avoir publié le 8 juin sur la fameuse boucle Telegram une recette pour préparer des explosifs, et d’avoir appelé à commettre des «ratonnades». Mais ce n’est pas tout. Le jeune homme était également soupçonné d’avoir publié un message dans lequel il disait «Ce soir je vais faire sauter l’Elysée», et d’avoir menacé un journaliste spécialisé sur l’extrême droite ainsi que la drag-queen Minima Gesté, désignée comme porteuse de la flamme olympique.
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Après son interpellation, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait affirmé que le suspect projetait des actions violentes pendant une étape du relais de la flamme. Mais quelques heures plus tard, le parquet de Paris avait assuré que les propos signalés, à l’origine des investigations, ne visaient pas l’organisation des Jeux olympiques.
Le jeune homme a finalement été jugé en comparution immédiate, pour diffusion par réseau de communication électronique de procédés permettant la fabrication d’engin de destruction, provocation publique et directe non suivie d’effet à commettre un délit ou un crime et menace de destruction dangereuse pour les personnes matérialisée par écrit, image ou objet.
Une «radicalisation d’extrême droite avant un passage à l’acte»
Lors de sa garde à vue, le suspect avait déclaré aimer Adolf Hitler, se revendiquant lui-même «néonazi». Devant le tribunal, le jeune homme, crâne rasé, boucle d’oreille et polo noir, a déclaré avoir simplement voulu «troller» et «faire des blagues». «Au début je ne prenais pas vraiment conscience, maintenant je comprends», a-t-il concédé, reconnaissant que ses propos tenus à l’égard de Minima Gesté étaient «violents». Sur le terme «ratonnade», il a expliqué qu’il s’agissait pour lui d’une «démonstration de force dans la rue», réfutant toute volonté d’avoir voulu s’en prendre à des Arabes.
Déscolarisé depuis l’âge de 16 ans après avoir été expulsé d’un CAP pour une bagarre, le jeune homme n’a depuis aucune activité. Face à son avocate, qui lui demandait s’il se sentait différent sur les réseaux sociaux, le prévenu a répondu : «Oui un peu, je suis moins extrême dans la vraie vie». Dans ses réquisitions, le procureur a toutefois dénoncé une «radicalisation d’extrême droite avant un passage à l’acte». «Cette idée que les messages de haine diffusés en ligne servent à troller» est une «ligne de défense qu’on retrouve dans tous les groupes d’extrême droite, ce sont des arguments extrêmement classiques.»