«Monsieur Dupond-Moretti, pouvez-vous décliner à la cour votre identité ? Vous pouvez vous approcher de la barre», encourage d’une voix posée Dominique Pauthe, le président de la Cour de justice de la République, seule juridiction habilitée à juger des membres du gouvernement pour des délits ou crimes commis dans l’exercice de leurs fonctions. Dans un filet à peine audible, l’actuel garde des Sceaux déroule : «Dupond-Moretti, né le 20 avril 1961.» On le connaissait tonitruant dans sa robe noire, «ogre des assises» à la force de conviction sans limite, avec ses quelque 140 acquittements. On le découvre d’une discrétion inhabituelle, en simple costume noir, et sur «le banc d’infamie», selon sa propre expression.
«Je voudrais brièvement vous dire dans quel état d’esprit je me trouve devant vous… Pour moi et pour mes proches, ce procès est une infamie. C’est bien sûr une épreuve, mais c’est aussi un grand soulagement parce que je suis venu me défendre», a déclaré le garde des Sceaux, invité par le président à faire une déclaration liminaire, ce lundi 6 novembre. «Ce procès à mes yeux est d’abord un procès en illégitimité. Il a commencé vingt minutes après ma nomination, puisqu’on m’a déclaré la guerre. J’ai été avocat trente-six ans, certains av