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Libération
Ordre public

Dieudonné : le tribunal administratif suspend l’interdiction de spectacles à Paris

La préfecture de police de Paris avait estimé dans un arrêt que le spectacle de l’humoriste multicondamné sur le thème des attentats du 13 novembre 2015 était trop sensible, tout comme le lieu : à proximité du ministère des Armées et d’une synagogue.
Dieudonné au tribunal correctionnel de Rennes, le 8 janvier 2023. (Damien Meyer/AFP)
publié le 3 janvier 2025 à 20h29

Du sursis pour le spectacle de l’humoriste multicondamné. Le tribunal administratif de Paris annonce ce vendredi 3 janvier suspendre l’interdiction de représentations de Dieudonné à Paris, décidée la veille par la préfecture de police. Dans sa décision, la juge des référés estime que l’arrêt de la «PP» «porte une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d’expression». Dieudonné est donc autorisé à jouer dès ce soir son spectacle, dans un bus transformé en salle de spectacle - le «Dieudobus» - dans le XVe arrondissement de Paris. Et ce jusqu’au 15 janvier, sauf recours déposé par les autorités.

Dans le détail, le tribunal administratif considère que l’intitulé du spectacle - Vendredi 13, en référence aux attentats qui ont touché la France en 2015 -, son thème et les «contacts entretenus par Dieudonné avec le frère de Salah Abdeslam» pour l’écriture d’un livre et la préparation d’un documentaire pour les 10 ans des attentats de 2015 ne sont pas illégales en soi. «En second lieu, la réalité et la gravité des risques de troubles matériels à l’ordre public ne sont pas établies alors notamment que le spectacle doit avoir lieu dans un bus contenant 73 spectateurs», ajoute le tribunal, précisant que la proximité du spectacle avec le ministère des Armées et une synagogue ne suffisent pas à caractériser un risque de troubles à l’ordre public.

Un spectacle interdit en septembre 2023

La veille, la préfecture de police avait publié un arrêté interdisant le spectacle de l’humoriste, soulignant «l’existence de condamnations pénales antérieures sanctionnant des propos identiques à ceux susceptibles d’être tenus à l’occasion de la représentation d’un spectacle», «la sensibilité du thème du spectacle» dans un contexte national et international «particulièrement tendu» et le lieu choisi. Des arguments qui n’ont pas convaincu le tribunal administratif, en dépit des multiples condamnations de Dieudonné, notamment pour provocation à la haine, négationnisme et apologie du terrorisme.

Un spectacle de Dieudonné et de Francis Lalanne prévu à Paris avait déjà été interdit en septembre 2023 par le préfet de police de la capitale, Laurent Nuñez. Ce dernier avait alors notamment invoqué les «risques sérieux […] de troubles graves à l’ordre public». Le préfet Nuñez avait ensuite précisé qu’il était de «notoriété publique que la teneur des précédents spectacles» de Dieudonné «faisait l’apologie des discriminations, des persécutions et des exterminations perpétrées au cours de la Seconde Guerre mondiale». En réponse, Francis Lalanne et Dieudonné avaient décidé de déposer deux recours distincts auprès du tribunal administratif, qui n’avaient pas abouti.