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Discrimination post-grossesse: la firme Ernst & Young condamnée en appel

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Le cabinet américain a été condamné par la cour d’appel de Montpellier pour licenciement sans cause réelle et sérieuse d’une avocate quelques mois après son congé maternité, confirmant un jugement en première instance. Une décision «symbolique» à l’encontre d’un fléau qui touche la profession dans son ensemble.
Dès sa première grossesse, la plaignante n’avait plus bénéficié d’entretien annuel, freinant ses chances d’évolution dans la firme. (Yuri Arcurs/Getty Images)
publié le 23 juin 2022 à 16h04

Une décision rare. La firme américaine Ernst & Young (EY), un des plus gros cabinets d’audit et de conseil, vient d’être condamnée par la cour d’appel de Montpellier pour avoir licencié une avocate à cause de ses deux grossesses. Déjà en première instance, le conseil de l’Ordre de Montpellier avait épinglé la firme pour des discriminations en «conséquence de ses maternités» lors de son passage chez EY et pour avoir licencié l’avocate «sans cause réelle et sérieuse». La cour d’appel a fait un pas de plus mardi en estimant que ce licenciement était discriminatoire en plus d’être abusif, et a condamné EY à verser 40 000 euros de dommages et intérêts à la plaignante.

Suppression des primes

Nina (1) a été embauchée en 2013 dans la filiale montpelliéraine d’Ernst & Young où elle a eu un parcours modèle, ponctué d’excellentes évaluations et plusieurs prix de plaidoirie, jusqu’à l’accouchement de son premier enfant cinq ans plus tard. A son retour de congé maternité, la trentenaire subit un «retrait vexatoire» de ses dossiers et «une diminution brutale de sa charge de travail», explique l’arrêt de la cour d’appel. Dès sa première grossesse, elle n’a plus bénéficié d’entretien annuel, freinant ses chances d’évolution dans la firme. Son salaire a lui aussi stagné : alors qu’il augmentait de 6 à 8% chaque année avant ses grossesses, il n’a évolué que de 1%