Cédric Jubillar sera donc bien jugé. La cour d’appel de Toulouse a confirmé ce jeudi 26 septembre le renvoi du trentenaire aux assises pour le meurtre de son épouse, Delphine, en décembre 2020, suivant les réquisitions du parquet général, selon des avocats du dossier. «La cour d’appel vient de rendre sa décision, Cédric Jubillar est renvoyé devant la cour d’assises pour y répondre du crime d’homicide volontaire sur son épouse», a déclaré Me Alexandre Martin, l’un des avocats de l’accusé.
Profil
Le renvoi devant les assises du Tarnais de 37 ans avait été requis en juin par le parquet général, après une instruction d’une longueur rare, encore étirée par un supplément d’information ordonné en février, à la suite de nouveaux éléments. Lors d’une audience à huis clos fin juin, la chambre d’instruction de la cour d’appel de Toulouse en avait examiné les résultats, sans apporter de changement aux accusations.
Incarcéré depuis plus de trois ans et sa mise en examen le 18 juin 2021, Cédric Jubillar a vu rejetées toutes ses demandes de remise en liberté, dont la dernière en juillet. Dans cette affaire sans corps, ni aveux, ni témoin, ni scène de crime, ni preuve irréfutable, les enquêteurs ont la conviction que Cédric Jubillar a tué sa femme Delphine, qui venait de lui annoncer son intention de divorcer. Selon le magistrat, le mari a admis être au courant que son épouse avait un «amant», la surveillait, se montrait «intrusif» parfois «brutal et agressif». Infirmière et mère de deux enfants, elle a disparu dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 à Cagnac-les-Mines, près d’Albi, en plein couvre-feu lié à la pandémie de Covid-19.
Fait divers
«Petite victoire»
Me Emmanuelle Franck, qui défend Cédric Jubillar avec Alexandre Martin et Jean-Baptiste Alary, s’est félicitée d’une «petite victoire». La cour d’appel a en effet supprimé de son arrêt une phrase figurant dans l’ordonnance de mise en accusation rédigée par les juges d’instruction, qualifiant clairement le Tarnais de coupable, «la cour a considéré que c’était à tort que les magistrats avaient écrit cette phrase-là». La défense attend ainsi le procès avec impatience, d’un homme qui a toujours clamé son innocence «il nous tarde, ça fait trois ans et demi que cet homme est incarcéré, que la cour refuse au mépris de la présomption d’innocence de relâcher cet homme».
Les parties civiles se réjouissent de voir le dossier avancer, selon l’un des avocats Me Phillipe Pressecq : «Mes clientes sont très satisfaites de cette décision, qui était tout de même attendue. Enfin, cette instruction interminable a pris fin. Et on va pouvoir s’expliquer contradictoirement, loyalement et publiquement sur cette affaire et pour savoir si Jubillar est coupable.»
Pour Me Malika Chmani, avocate des enfants du couple, présents au domicile familial le soir de la disparition de leur mère, ce renvoi est également «une bonne chose» et ajoute «c’est important qu’il y ait un procès, que Cédric Jubillar réponde à des questions, qu’il lève le voile sur beaucoup de choses». La disparition de Delphine Jubillar avait suscité un grand émoi en France, quelques jours avant les fêtes de Noël et quelques semaines après le procès d’un autre féminicide, avec la condamnation de Jonathann Daval pour le meurtre de son épouse en Haute-Saône, qu’il avait longtemps nié en endossant le rôle du mari éploré.
Mis à jour : à 11 h 08 précisions et réactions des parties civiles.