Menu
Libération
Décryptage

Disparition de Santiago : qu’est-ce que «l’alerte enlèvement», déclenchée pour retrouver le nourrisson ?

Le dispositif a été déclenché mardi 22 octobre pour rechercher le prématuré de 17 jours, enlevé la veille à la maternité d’Aulnay-sous-Bois, et dont les parents pourraient l’avoir emmené en Belgique.
Quatre critères doivent être réunis pour déclencher une alerte enlèvement. (Riccardo Milani/Hans Lucas. AFP)
publié le 13 juillet 2024 à 15h49
(mis à jour le 22 octobre 2024 à 16h39)

Il s’est écoulé une nuit entre la disparition de Santiago et le déclenchement du dispositif «alerte enlèvement». Le nourrisson de 17 jours, né prématuré, était sous surveillance à la maternité d’Aulnai-sous-Bois, avant que ses parents, surpris par la vidéosurveillance de l’hôpital, ne soient identifiés comme les principaux suspects. A 8 heures, après que les policiers ont tenté de joindre les parents et se sont rendus à leur adresse, l’alerte enlèvement était déclenchée.

Depuis le lancement de l’alerte enlèvement en 2006, c’est seulement la deuxième fois qu’un enfant concerné par le dispositif est retrouvé mort. Comment fonctionne l’alerte enlèvement, quelle est son efficacité… Libération décrypte les contours de cet outil d’enquête.

L’alerte enlèvement, qu’est-ce que c’est ?

L’alerte enlèvement est un outil français inspiré du dispositif «Amber Alert», qui existe aux Etats-Unis depuis 1996 et au Canada depuis 2003. La France a suivi en 2006. Concrètement, ce plan a pour objectif d’envoyer de façon massive un message à la population sur l’ensemble du territoire lorsqu’un enfant est enlevé, afin de le retrouver le plus rapidement possible.

Le message d’alerte, rédigé par le procureur de la République en lien avec les enquêteurs, contient des éléments précis permettant de localiser la victime ou la personne suspectée de l’avoir enlevée. L’alerte est ensuite diffusée par les médias, sur les autoroutes, les écrans dans les lieux publics ou encore sur les réseaux sociaux. Elle est relayée toutes les quinze minutes pendant une durée de trois heures, puis librement ensuite, et est levée lorsque l’enfant est retrouvé.

Dans le cas de Santiago, les informations suivantes étaient stipulées ce lundi soir dans l’alerte : «Santiago, nouveau-né de sexe masculin, âgé de 17 jours, cheveux blonds, habillé d’un T-shirt marron de taille 6 mois et d’un pyjama blanc en velours épais a été enlevé à la maternité de l’hôpital Robert BALLANGER d’Aulnay-sous-Bois, Seine-Saint-Denis, le 21 octobre 2024, entre 23h00 et 23h30. Le nourrisson étant prématuré, une prise en charge médicale constante est indispensable. Les suspects sont ses parents, un homme âgé de 23 ans, habillé d’un jean sombre, d’un T-shirt blanc, d’un blouson en jean bleu clair et d’un sur-blouson noir et une femme âgée de 25 ans, habillée d’un pull blanc, d’un blouson sans manche bleu clair et d’une jupe verte.»

Quand l’alerte enlèvement peut-elle être déclenchée ?

Pour déclencher une alerte enlèvement, quatre critères sont nécessaires :

  • Il doit s’agir d’un enlèvement avéré et non d’une disparition, même inquiétante.
  • La victime est mineure.
  • La vie ou l’intégrité physique de l’enfant est en danger.
  • Le procureur dispose d’informations dont la diffusion peut permettre la localisation de l’enfant ou de son ravisseur.

Dans tous les cas, c’est au procureur de la République territorialement compétent de prendre la décision de déclencher ou non une alerte enlèvement. Le ministère de la Justice précise toutefois que «même si les quatre critères sont réunis, le procureur de la République peut décider de ne pas déclencher une alerte enlèvement s’il estime que sa diffusion peut mettre en danger la vie de l’enfant».

Quelle efficacité ?

Depuis les débuts du dispositif en 2006, 33 alertes ont été déclenchées. En juillet 2024, avec la mort de Célya, 6 ans, c’était la deuxième fois qu’un enfant était retrouvé mort. En février 2020, Vanille, âgée d’un an, avait été retrouvée sans vie dans une benne à vêtements à Angers. En février 2023, la mère du bébé a été condamnée par la cour d’assises du Maine-et-Loire à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 22 ans, pour le meurtre de sa fille.

A part Vanille et Célya, et avant Santiago, l’ensemble des 31 autres enfants pour qui l’alerte a été déclenchée ont été retrouvés vivants. En 2017, pour les dix ans du lancement du dispositif, un bilan positif avait été dressé concernant son efficacité. Aux Etats-Unis, selon le site officiel de l’Amber Alert, 1 200 enfants avaient pu être retrouvés au 31 décembre 2023 grâce au dispositif depuis sa mise en place.

Mise à jour le 22 octobre à 16h39 avec l’enlèvement de Santiago.