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Chronologie

De la disparition d’Emile à la découverte de ses ossements ce dimanche, neuf mois de recherches acharnées

Disparition du petit Émiledossier
Alors que le procureur d’Aix-en-Provence annonce ce dimanche 31 mars que des ossements appartenant au garçonnet ont été retrouvés près du hameau où il a disparu, retour sur neuf mois de mystère et de recherches, depuis sa disparition le 8 juillet 2023.
A proximité du Haut-Vernet, jeudi. (Laurent Carré/Libération)
publié le 31 mars 2024 à 14h53

Depuis la disparition mystérieuse il y a neuf mois du petit Emile, 2 ans et demi, au Haut-Vernet (Alpes-de-Haute-Provence) jusqu’à la découverte annoncée ce dimanche 21 mars d’ossements correspondant au garçonnet près du hameau, retour sur les principales étapes de cette affaire judiciaire.

8 juillet 2023

Il est 17 h 15 quand Emile, 2 ans et demi, est aperçu pour la dernière fois par deux voisins dans une ruelle du Haut-Vernet, hameau de 25 habitants situé dans les Alpes-de-Haute-Provence, à 1 200 mètres d’altitude dans un environnement très escarpé.

Originaire de La Bouilladisse, dans les Bouches-du-Rhône, l’enfant venait de commencer ses vacances d’été chez ses grands-parents maternels. Ses parents ne sont pas présents ce jour-là. «Le temps que la famille, les proches, les voisins procèdent aux premières vérifications, le premier appel à la gendarmerie intervient vers 18 heures», détaille le procureur de la République de Digne-les-Bains Rémy Avon. Les premières recherches commencent.

9 et 10 juillet

Une enquête pour recherche des causes de disparition inquiétante débute le lendemain de la disparition, assortie d’un appel à témoins. Une photo du petit garçon aux cheveux blonds, un pissenlit sur l’oreille, est largement diffusée. Les deux premiers jours, les recherches prennent la forme de battues citoyennes, avec l’aide de nombreux volontaires, venus parfois de loin. Au total, 800 gendarmes, pompiers et volontaires participent aux recherches. Des équipes cynophiles, des hélicoptères, ainsi que des drones sont mobilisés. Les 30 maisons composant le hameau du Haut-Vernet sont fouillées, 12 véhicules inspectés et tous les habitants entendus.

11 juillet

Après 48 heures de recherches infructueuses, les battues prennent fin, pour laisser place à un dispositif plus ciblé, resserré sur le hameau. L’espoir de retrouver Emile vivant s’amenuise. S’il s’était perdu, l’enfant aurait passé trois nuits et trois jours seul, sans boire ni manger, et son pronostic vital serait sans doute «très engagé», reconnaît le procureur de Digne-les-Bains.

Après un arrêté pris par le maire, François Balique, l’accès au village est interdit à toute personne étrangère au bourg. L’élu dit prendre cette décision «pour protéger les familles et canaliser un éventuel tourisme de curiosité».

12 juillet

Quatre jours après la disparition de petit garçon, le parquet de Digne-les-Bains fait basculer l’enquête sous le régime de l’enquête préliminaire. On entre dans une seconde phase de l’enquête, qui vise à analyser «la masse considérable des informations et éléments collectés» en quatre jours.

13 juillet

«Une ultime opération de ratissage» est conduite dans la matinée par une cinquantaine de gendarmes mobiles de Gap, autour de la route de 1,8 km reliant le hameau du Haut-Vernet au village du Vernet. Une opération faite «purement par sécurité», la zone ayant «déjà été observée durant les battues», précise le procureur de la République de Digne-les-Bains, qui met fin aux opérations de ratissage sur le terrain. Au total, près de 100 hectares sont passés au peigne fin durant les cinq jours suivants la disparition, en vain.

18 juillet

Une nouvelle étape est franchie : face à «la complexité de l’affaire», le procureur de la République de Digne-les-Bains annonce l’ouverture d’une information judiciaire. Toujours ouvert pour recherche des causes de disparition inquiétante, le dossier est confié à deux juges d’instructions du tribunal d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Les enquêteurs sont notamment chargés d’analyser 1 600 lignes téléphoniques ayant «borné» dans le secteur au moment de la disparition de l’enfant, ainsi que le millier de signalements enregistrés sur la ligne téléphonique mise en place après l’appel à témoins.

25 juillet

Des équipes cynophiles spécialisées dans la détection de restes humains, appuyées par des drones, sont de nouveau déployées au Vernet. Les recherches, qui durent plusieurs jours, ciblent une zone de 5 km autour du domicile des grands-parents d’Emile, sans, là encore, rien donner.

21 août

L’enquête est élargie aux faits criminels d’«enlèvement, arrestation, détention, et séquestration arbitraire sur mineur de moins de quinze ans». Une décision «purement technique» qui n’est «pas liée à une évolution dans l’enquête», souligne alors le procureur-adjoint. «Ce cadre procédural offre plus de souplesse» aux enquêteurs, selon le magistrat.

29 août

Jusqu’alors discrets, les parents du petit garçon, Marie et Colomban, décident de sortir du silence en accordant un entretien au magazine Famille chrétienne. Après s’être montré reconnaissant face à l’élan de solidarité qui a suivi la disparition de l’enfant, le couple insiste sur sa «confiance face au travail des gendarmes chargés de l’enquête». Déplorant des «témoignages malveillants dans la presse», les parents assurent n’avoir «rien à cacher» et écartent la thèse d’un «sordide drame familial» survenu au domicile des grands-parents.

8 septembre

Le maire du village est entendu pour la première fois à la gendarmerie. De nombreux habitants sont régulièrement auditionnés dans le cadre de l’enquête.

11 septembre

«Munis d’un marteau-piqueur», les enquêteurs procèdent à la destruction d’une «grande dalle en béton» à proximité d’une maison du hameau, située non loin de la bâtisse familiale, rapporte BFMTV. Finalement «une simple vérification» des gendarmes pour que la propriétaire puisse finir des travaux en cours.

24 novembre

A la veille du troisième anniversaire d’Emile, ses parents diffusent un appel vibrant, de nouveau dans Famille chrétienne, à «celui ou ceux qui savent ce qui lui est arrivé» : «Comprenez notre détresse, dites-nous où est Emile.»

8 janvier 2024

Le parquet d’Aix-en-Provence indique que l’enquête «est toujours très active» et a pris «une autre forme, plus technique». Les enquêteurs de la gendarmerie doivent désormais «analyser l’ensemble des éléments recueillis» et notamment une masse de données numériques et de téléphonie des personnes ayant borné sur place ou aux alentours peu avant et peu après la disparition, détaille le procureur de la République d’Aix-en-Provence, Jean-Luc Blachon.

28 mars

La famille d’Emile, des voisins et d’autres témoins visuels, soit 17 personnes, sont réunis par la justice au Haut-Vernet pour une «mise en situation», visant à reconstituer le moment où l’enfant a été aperçu pour la dernière fois.

Dimanche 31 mars

Le parquet d’Aix-en-Provence annonce que des «ossements» correspondant au corps du garçonnet ont été retrouvés la veille à proximité du Vernet. «Les analyses d’identification génétiques ont permis de conclure ce dimanche qu’il s’agissait des ossements de l’enfant Emile S.», affirme le procureur d’Aix-en-Provence, sans donner d’éléments sur la cause du décès de l’enfant.