Un homme de 38 ans est jugé à partir de ce lundi 17 mars devant la cour criminelle départementale de Paris, accusé d’avoir, en 2015 et 2016, violé ou agressé sexuellement 17 femmes rencontrées sur Internet, où il se présentait comme un photographe à la recherche de modèles. Surnommé par la presse «le violeur de Tinder», Salim B. conteste tout, admettant uniquement s’être servi de son métier de photographe comme «prétexte» pour attirer des femmes chez lui et assouvir une «addiction au sexe». Aucune des femmes n’avait dit non «à quelque chose qu’il continuait à faire», a-t-il soutenu pendant l’enquête, estimant que celles ayant porté plainte avaient «regretté» a posteriori ou s’étaient «concertées» entre elles pour l’atteindre.
Les enquêteurs ont plutôt mis en avant le modus operandi toujours quasiment identique et les «grandes similitudes» entre les récits des 17 plaignantes. D’abord, la «forme d’industrialisation» du processus mis en place, avec un «cahier des charges précisément décrit dans plusieurs fichiers Excel» – phrases d’accroche, compliments, propositions et envois «en masse» de sollicitations à de potentielles modèles, en profitant de sa notoriété de photographe.
Enquête
Salim B. disait à chacune qu’elle était «unique», sa «muse». Elles arrivaient chez lui pour un shooting photo, se voyaient offrir de l’alcool – que beaucoup n’osaient pas refuser. Toutes décrivent ensuite une ivresse anormale et rapide, et une perte de force. Les enquêteurs soupçonnent une «soumission chimique», des traces de drogue ou d’antihistaminiques ayant été retrouvées chez plusieurs d’entre elles – ce que l’accusé nie également. Les plaignantes décrivent ensuite un brusque changement de comportement et des rapports sexuels imposés malgré leur refus. Puis une attitude indifférente ou minimisant ce qui venait de se produire. Il refusait toujours d’envoyer les photos du shooting.
Relâché sous contrôle judiciaire
«Aujourd’hui comme depuis le premier jour de cette procédure, [l’accusé] conteste l’ensemble des accusations dirigées contre lui, ont fait savoir ses avocats, Irina Kratz et Ambroise Vienet-Legué. Les investigations menées ont permis de révéler de très nombreux éléments à décharge qui contredisent ces accusations.» L’audience, prévue jusqu’au 29 mars, est selon eux «enfin l’occasion d’en débattre».
Placé en détention provisoire en 2016, Salim B. était resté deux ans et demi en prison avant d’être relâché sous contrôle judiciaire, en 2019, avec interdiction d’exercer le métier de photographe. Plusieurs plaignantes avaient alors signalé à la justice son «activité importante» sur les applications de rencontre. Visé par de nouvelles plaintes, il a de nouveau été mis en examen pour viols et agressions sexuelles – une enquête distincte est toujours en cours. Il est retourné en prison en juillet.