Les drapeaux israéliens qui flottaient sur le fronton de la mairie de Nice depuis 21 mois ont été décrochés. Mardi 24 juin, au regard de «l’aggravation du conflit» au Proche-Orient, dix citoyens portaient un recours en référé suspension devant le tribunal administratif de Nice contre ce choix de pavoisement du maire Christian Estrosi (Horizons). Ce jeudi 26 juin au matin, la juge «enjoint au maire de Nice de retirer les drapeaux israéliens hissés sur le fronton de la mairie de Nice dans un délai de cinq jours». Nice était la dernière commune de France à afficher les couleurs d’Israël aux côtés des étendards niçois, français et européens.
En début d’après-midi ce jeudi, Christian Estrosi est apparu au balcon de sa mairie. Il a lui-même décroché les drapeaux israéliens de la balustrade beige. «J’avais pris l’engagement devant cette mairie que tant que le dernier otage ne serait pas restitué à sa famille, à titre de signe humanitaire, nous mettrions sur la façade le drapeau de nationalité israélienne, remet-il. Avec l’engagement de l’enlever à la libération du dernier otage.» L’élu est finalement contraint de dépavoiser avant. Il dénonce un «recours politique» et une ordonnance du tribunal administratif «injuste». «La décision a été prise de respecter cette décision de justice, poursuit-il. Pour autant je veux dire à la communauté juive que mon combat contre l’antisémitisme, que le soutien aux familles reste intact.» «Fidèle» à son «combat», il affiche dans le même temps le portrait des otages sur le perron de l’hôtel de ville.
L’étoile de David est déployée sur deux façades de la mairie de Nice depuis le 9 octobre 2023, au surlendemain de l’attaque terroriste du Hamas. Depuis, Christian Estrosi ignore toutes les tentatives de décrochage. L’association les Amis de la Palestine 06 a manifesté, les procédures devant le tribunal administratif se sont multipliées, le préfet des Alpes-Maritimes a envoyé une missive pointant le principe de neutralité des services publics dans une circulaire. «Tant qu’Israël n’aura pas gagné cette guerre, le drapeau israélien flottera sur le fronton de notre mairie», affirmait, l’année dernière, le maire de Nice.
«Pas un simple symbole de soutien à la société civile»
Ce jeudi matin, «le tribunal administratif a retenu la situation d’urgence au regard de l’aspect international à l’audience, se réjouit Me Mireille Damiano, avocate de sept requérants, auprès de Libération. On ne peut pas considérer que l’affichage d’un drapeau dans de telles conditions soit seulement un soutien aux otages. Ça ne peut pas être un simple symbole de soutien à la société civile.»
A l’audience mardi, la ville de Nice avait soutenu que la persistance du pavoisement relève de la «sensibilité particulière [de Nice] aux actes de terrorisme» et du jumelage avec la ville de Netanya en Israël. «Le pavoisement est exclusivement une marque de soutien aux victimes de terrorisme, avait défendu l’avocate de mairie, Me Pauline De Fay. Il n’y a aucune revendication politique ou religieuse. Le seul message, c’est les otages. Tant qu’il restera des otages, nous laisserons notre marque de soutien visible.»
C’est la question du trouble à l’ordre public et à la neutralité d’un bâtiment public qui était discutée. «L’apposition des drapeaux israéliens sur le fronton de la mairie de Nice doit donc être considérée comme symbolisant la revendication d’une opinion politique. Dans ces conditions, au regard du contexte international et de l’intensification du conflit au Moyen-Orient, les requérants sont fondés à soutenir qu’il y a urgence à suspendre la décision contestée», écrit le tribunal administratif dans son ordonnance. Sur le fronton, des drapeaux niçois marqués d’un aigle rouge ont remplacé les drapeaux israéliens.
Mis à jour à 13 h 52 avec le décrochage des drapeaux israéliens.