Des gerbes de fleurs, des cahiers de condoléances et des visages graves : une large foule s’est recueillie ce vendredi 24 novembre à la collégiale de Saint-Donat-sur-l’Herbasse (Drôme) pour les obsèques de Thomas, 16 ans, tué en marge d’une fête de village à Crépol, dans la nuit de samedi à dimanche dernier. Proches comme anonymes, 2 000 personnes au total selon France Bleu Drôme Ardèche, se sont rassemblés dans un profond silence pour l’enterrement.
C’est le grand-père de l’adolescent qui s’est exprimé au nom de la famille. «Thomas était un brave garçon, réservé, bien élevé et serviable. Il croquait la vie à pleines dents et utilisait souvent papy et mamie pour le récupérer à l’école, aller au sport, l’emmener à la pêche ou aller voir les copains», s’est remémoré l’homme, cité par la radio locale. Une bande de loubards qui avait un couteau à la place du cœur lui a enlevé la vie, sa joie festive avec ses copains et mis la famille dans une tristesse indescriptible».
A lire aussi
«On ne remplacera pas l’enfant perdu mais c’est important d’être là» pour «se recueillir, soutenir la famille», a expliqué, ému, Gilbert Mounier-Véhier, le premier adjoint de la mairie de Saint-Donat, un village situé à une dizaine de kilomètres du lieu du drame. «Tout le village sera là et tous les villages environnants aussi, c’est tout le territoire qui a été touché par ce drame», a-t-il affirmé.
Plusieurs rues de Saint-Donat-sur-l’Herbasse ont été fermées pour laisser le centre ancien accessible aux piétons. La collégiale a été sonorisée, pour que des personnes présentes à l’extérieur puissent suivre la cérémonie. Une veillée funéraire a aussi eu lieu jeudi soir dans l’église de Crépol, après une grande marche blanche mercredi à Romans-sur-Isère.
Mortellement blessé d’un coup de couteau devant la salle des fêtes communales, Thomas est mort pendant son transfert à l’hôpital. Ce soir-là, les violences ont fait huit blessés. Selon le parquet, tout a commencé quand une dizaine de jeunes ont tenté de s’introduire dans la salle des fêtes de Crépol. L’un d’eux a blessé d’un coup de couteau un vigile qui tentait de le bloquer. Des participants inscrits à la soirée sont intervenus, avant que s’en suive «une rixe» à l’extérieur du bâtiment.
Des mises en examen samedi ?
Neuf suspects ont été placés en garde à vue mardi. Agé de 20 ans, celui qui a été «formellement désigné comme auteur du coup de couteau mortel» a été arrêté mardi avec six «acolytes» dans les environs de Toulouse, selon le parquet. Deux autres suspects ont été interpellés dans le secteur de Romans-sur-Isère. Ces jeunes, dont trois mineurs âgés de 16 à 18 ans, seront remis en liberté ou présentés à un juge en vue de leur mise en examen au plus tard samedi après-midi, soit 96 heures après leur interpellation.
Dénonçant «une bande de jeunes», pour certains dotés d’un casier, «qui se croient en toute impunité fondés à aller mener leur guerre dans un village», le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a souhaité ce vendredi lors d’un échange avec des lecteurs du quotidien régional Le Dauphiné Libéré des «condamnations très lourdes». «Il faut juste les punir et il faut que le message soit envoyé très fortement à tout le monde», a-t-il ajouté.
Ce week-end, un dernier hommage lui sera rendu sur les terrains de rugby. Une minute de silence sera observée lors des matches «reflétant notre profond respect et notre solidarité», a déclaré la fédération de rugby sur son site, en adressant «sa sincère compassion» aux proches du jeune capitaine de l’équipe junior du RC Romans-Péage.