Tous les épisodes de notre série de l’été 2022, «Une histoire peut en cacher une autre», à retrouver ici.
«L’amour, c’est le droit qu’on donne à l’autre de nous persécuter», disait Dostoïevski, comme une métaphore du sadomasochisme. A 50 ans, Edouard Stern est ainsi décédé le 28 février 2005 à Genève de quatre balles tirées par Cécile Brossard. La première entre les deux yeux, la deuxième dans la poitrine, les autres «pour qu’il ne souffre plus» une fois allongé au sol, dira la meurtrière. C’était à l’issue d’une séance sadomaso ayant mal tourné : lui, en combinaison latex intégrale (avec juste trois trous pour les yeux et la bouche), les mains liées dans le dos ; elle, en dominatrice, cuissardes et collant pourvu d’un orifice pubien, jouant avec un godemiché. Une pure caricature de rapport dominant-dominé.
Dans la vraie vie, leurs rôles étaient rigoureusement inversés. Edouard Stern était un pitbull richissime du monde des affaires, 38e fortune de France, l’un des plus efficaces money makers de sa génération, n’hésitant pas à bousculer le CAC 40, ne supportant guère la médiocrité ou la contradiction. Cécile Brossard, 80 de QI, victime durant son enfance d’attouchements de la part de son père et d’un viol commis par un oncle, n’avait quasiment jamais travaillé, si ce n’est brièvement dans une maroquinerie, son CV se résumant essentiellement, selon une experti