Scène de panique au conseil municipal. Jeudi 29 février, alors que se terminait la réunion de onze élus de Challes, une commune au sud-est du Mans dans la Sarthe, des détonations retentissent dans le hall de l’hôtel de ville. Derrière la porte, les conseillers municipaux paniquent. Selon le Maine libre, trois d’entre eux, effrayés par le «bruit de mitraillette» et la fumée causée par des pétards cherchent un moyen de s’enfuir. Ils se précipitent vers la fenêtre qui donne sur l’extérieur et décident de l’enjamber, la salle du conseil municipal étant située au rez-de-chaussée. Deux hommes atterrissent dans le jardin et s’en sortent indemnes, mais la troisième, une femme d’une quarantaine d’années, tombe dans l’escalier de pierres qui descend vers la cave de la mairie, raconte le Maine libre. Elle se fêle deux côtes et se casse le bassin. Elle est hospitalisée.
Un jeune homme est arrêté le lendemain chez lui «en robe de chambre», selon France Bleu Maine. Il a été jugé ce vendredi pour «violences volontaires sur personnes dépositaires de l’autorité publique» devant le tribunal correctionnel du Mans et condamné à 18 mois de prison dont un an ferme. Lors du procès, le fautif s’est excusé auprès des élus, rapporte France Bleu Maine, «je m’ennuyais, je n’ai pas réfléchi » a-t-il reconnu.
Près de 2400 agressions contre des élus entre janvier et novembre 2023
Cette scène qui aurait pu virer au drame illustre l’augmentation des violences contre les élus en France. Selon le ministère de l’Intérieur, il y a eu 2 387 agressions entre janvier et novembre 2023, un chiffre en hausse par rapport à toute l’année 2022 (2 265). Menaces de mort, injures, intimidations, harcèlement… les exemples se multiplient depuis la démission du maire de Saint-Brévin-les-Pins en mai 2023, victime de l’incendie criminel de son domicile et placé sous protection policière. Yannick Morez était menacé par l’extrême droite car il envisageait d’installer dans sa commune un centre d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada).
Des parlementaires ont décidé de réagir. Une proposition de loi du Sénat adoptée début octobre aligne les sanctions pénales prévues en cas d’attaque contre un élu sur celles déjà prononcées lorsqu’elle vise une personne dépositaire de l’autorité publique comme les policiers. Elle a été adoptée le 7 février par l’Assemblée nationale en première lecture.
Mise à jour le vendredi 8 mars à 18 heures : avec ajout de la condamnation de l’auteur des pétards