Créer des ponts, faire tomber les barrières entre des milieux qui se méconnaissent, voire s’ignorent. Telle est l’ambition de Youssef Badr, ex-porte-parole du ministère de la Justice et désormais président de la 18e chambre correctionnelle à Bobigny, avec son association la Courte Echelle, qui met en relation des étudiants en droit, issus de milieux modestes ou défavorisés, avec des professionnels du monde judiciaire. L’objectif : parrainer et accompagner ces élèves dans leur quête de stage et leur préparation aux concours de la fonction publique. «Chaque année, je voyais des étudiants décrocher et avoir des difficultés majeures pour obtenir des stages», explique ce fils d’immigrés marocains, dont le père était ouvrier dans le bâtiment et la mère femme de ménage. Un parcours d’exception au sein de la magistrature, qui s’ouvre lentement à la diversité et à la mixité sociale. Depuis des années, il a d’ailleurs une habitude : regarder les admis au premier concours de l’Ecole nationale de la magistrature (ENM). Et le constat est toujours le même : «Les noms à consonance étrangère se comptent sur les doigts d’une main.»
Vendredi matin, le juge était accueilli à la Cour de cassation au côté de neuf étudiants pour signer une convention avec le procureur général