Menu
Libération
Justice

«Elle était sûre d’elle et arrogante» : un ancien boxeur, ex-candidat du FN aux municipales, condamné pour avoir décapité son ancienne employeuse

Après avoir reconnu l’assassinat d’une septuagénaire, Jean-Michel Moulun a été condamné mercredi 11 décembre à la prison à perpétuité par la cour d’assises de Montpellier.
Jean-Michel Moulun, candidat FN aux municipales à Hautmont, le 28 janvier 2015. (Belloumi/Voix du Nord. MAXPPP)
publié le 12 décembre 2024 à 16h58

Il se rêvait roi des rings de boxe puis maire dans le Nord, il finira derrière les barreaux. Jean-Michel Moulun, 54 ans, a été reconnu coupable, mercredi 11 décembre, de l’assassinat d’Evelyne K. en 2021. La veuve de 77 ans l’avait employé un temps avec sa femme, Coralie, dans sa propriété d’Agde. Lui comme jardinier, elle comme aide ménagère. L’ancienne enseignante avait finalement mis à la porte le couple qu’elle accusait d’avoir volé de l’argent et des bijoux. Un an plus tard, la vieille dame rentre chez elle, un sac de courses à la main, suivie, d’après une caméra de surveillance, par un homme en noir, chauve avec un masque, des gants et un couteau. Dans sa version des faits, Jean-Michel Moulun raconte l’avoir aidée à porter ses commissions.

A l’intérieur de la villa, Evelyne K. maintient que sa femme est une voleuse. Des allégations insupportables pour l’homme, alors âgé de 51 ans, qui explique avoir «pété un câble», rapporte Le Midi Libre. «Elle était sûre d’elle, arrogante», ose, devant ses juges, celui dont la vie a été marquée par l’alcool et les échecs. «J’ai pris un couteau à pain dans la cuisine, j’ai avancé sur elle, elle l’a pris dans la main, j’ai retiré le couteau. Elle est tombée, en arrière, elle s’est retournée sur ses mains et c’est là que je l’ai fait», poursuit-il en reproduisant le geste de l’égorgement, par-derrière. Il aura fallu attendre trois ans pour que Jean-Michel Moulun passe enfin aux aveux. C’est lui qui a posé la tête de la septuagénaire sur la table du salon de la villa. «Comme un trophée de chasse», s’indigne Nathalie Langlois Thieffry, l’avocate des enfants de la victime.

Un passé sulfureux, entre les rings et le Front national

Pour éviter la condamnation à perpétuité, la défense de Jean-Michel Moulun s’appuie sur son passé de sportif. L’homme serait frappé par la «démence pugilistique», le syndrome du boxeur, une détérioration intellectuelle doublée de troubles de la mémoire. Une hypothèse pourtant balayée par les experts qui l’ont examiné. De ses 21 à ses 28 ans, ses trente combats, 17 victoires, 19 défaites dont des KO, lui auraient ravagé le cerveau. Il serait devenu une brute, «un ours, méchant au point de tuer, mais pas méchant au point de ne pas savoir ce qu’il fait», explique le commissaire de police pendant le procès, cité par L’Equipe. Il avait donc toute sa tête au moment d’asséner les «sept coups portés pour la décapitation» confirme le médecin légiste à l’audience, alors que la victime était «vivante au moment de leur exécution».

Après avoir raccroché les gants au terme d’une décevante carrière, le père de quatre enfants enchaîne les échecs professionnels et personnels. Il s’enfonce alors dans la dépression mais s’imagine tout de même un destin politique. En 2008, à 38 ans, Jean-Michel Moulun s’engage sur la liste UMP aux municipales d’Hautmont, la commune de son enfance, près de Maubeuge. En 2014, le futur assassin échoue à y devenir maire, cette fois sous les couleurs du Front National. L’année suivante, il est exclu du parti lepéniste pour avoir produit de faux documents administratifs. Lors de sa campagne aux municipales de 2014, rappelle L’Equipe, l’homme, obsédé par les salafistes, s’était présenté sur une de ses affiches électorales, en candidat «anti-décapitation».