Abdelkarim Y. garde des souvenirs flous de la terrible blessure qu’il a subie au visage. Mais le jeune homme se rappelle avoir été visé par un tir venant d’un groupe de policiers vêtus de noir, dont les véhicules correspondent à ceux du Raid. Cette unité normalement dédiée aux opérations antiterroristes et à l’interpellation de criminels armés avait été déployée par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, lors des émeutes provoquées par la mort de Nahel Merzouk, au début de l’été. Trois agents de ce service ont été mis en examen en août à la suite de la mort de Mohamed Bendriss. Les éléments de la procédure judiciaire menée sur les circonstances de la blessure d’Abdelkarim Y., consultés par Libération et Mediapart, attestent que des policiers du Raid sont impliqués dans cette autre affaire, dont la nature est là aussi criminelle.
La blessure d’Abdelkarim Y. avait eu lieu dans la nuit du 30 juin au 1er juillet, quelques minutes avant minuit. Dans un témoignage recueilli cet été, le jeune homme disait avoir été atteint à l’œil par un tir de lanceur de balles de défens