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Justice

Emeutes à Lorient après la mort de Nahel : le parquet classe l’enquête sur les soupçons d’«interpellations sauvages» par des militaires

Dans un courrier adressé au procureur, des députés LFI accusaient des militaires en civil d’avoir participé à des opérations anti-émeutes dans la nuit du 30 juin au 1er juillet 2023. Les parlementaires s’appuyaient sur des témoignages recueillis dans des articles de presse.
Des militaires stationnés à Lorient ont été soupçonnés d'avoir participé de façon informelle au maintien de l'ordre il y a un an. La justice a classé l'enquête. (Jean-Sébastien Evrard/AFP)
publié le 15 juillet 2024 à 16h39

Pas de plainte, pas d’infraction constatée. L’enquête ouverte sur des interpellations sauvages qui auraient été effectuées à Lorient (Morbihan) par des militaires présumés durant une nuit d’émeutes, fin juin 2023, a été classée sans suite par le parquet, qui dit ce lundi 15 juillet n’avoir pas reçu de plainte ni constaté d’infraction. L’ouverture de cette enquête faisait suite à un signalement par trois députés LFI bretons. Ces parlementaires s’appuyaient sur plusieurs articles de presse évoquant, témoignages à l’appui, la participation d’une trentaine de militaires en civil à des opérations anti-émeutes dans la nuit du 30 juin au 1er juillet 2023, dans la foulée de la mort du jeune Nahel lors d’un contrôle de police en région parisienne.

Les députés s’inquiétaient dans leur courrier au procureur de l’existence de groupes de militaires au visage masqué qui auraient pu agir ce soir-là «en concertation avec les forces de police», comme des «milices privées» interdites par la loi. Plusieurs milliers de militaires sont stationnés à Lorient, notamment des fusiliers marins. Le procureur de la République de Lorient, Stéphane Kellenberger, souligne avoir mis en œuvre «des investigations conséquentes» dans ce dossier, notamment l’analyse de vidéos et des auditions de témoins et de «hauts responsables de l’état-major de la Force maritime des fusiliers et commandos, de la police nationale, etc.»

Il est ressorti de l’enquête confiée à la gendarmerie que «certaines personnes jeunes, vêtues de joggings, jeans, T-shirts, apparaissaient dans le centre-ville, cette nuit-là, visiblement sans casser quoi que ce soit, mais - au contraire - pour éteindre des débuts d’incendies sur des terrasses de restaurants ou préserver des vitrines de commerces». «Pour autant, aucune personne n’était vue en train d’interpeller quiconque, ni de commettre d’éventuelles violences. Aucune plainte n’avait d’ailleurs jamais été déposée en ce sens», écrit le procureur de Lorient.

Des jeunes «sans leader»

Aucun «mouvement organisé, piloté ou commandé» susceptible d’avoir constitué «une milice» n’était intervenu cette nuit-là, mais seulement «quelques jeunes», visiblement «du côté de l’ordre», «sans leader» et agissant de façon ponctuelle, ont conclu les gendarmes, selon Stéphane Kellenberger. Quant à l’exploitation des vidéos, «aucune arme n’était visualisée. Aucune violence physique n’était enregistrée», pas plus qu’une quelconque «interpellation», insiste-t-il.

«Pour ces différents motifs», le procureur de Lorient a «finalement décidé de procéder au classement sans suite des infractions visées par le signalement» des trois parlementaires. Quant à l’enquête de commandement ouverte par la Forfusco (Force maritime des fusiliers marins et commandos), elle avait conclu à l’absence de fait justifiant des suites disciplinaires, selon un porte-parole de la Marine nationale.