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Justice

Emile Louis : des fouilles dans son «cimetière», l’enquête autour de possibles nouvelles victimes relancée

L’enquête sur de possibles nouvelles victimes du tueur en série Emile Louis, déjà condamné pour la mort de sept jeunes filles, a été relancée avec la reprise ce mardi 24 septembre de fouilles dans son «cimetière» de l’Yonne, où certaines de ses proies ont déjà été découvertes.
Emile Louis escorté par des policiers à Rouvray, le 10 novembre 2004, sur le site où ont été retrouvés en 2001 les corps de deux victimes. (Martin Bureau/AFP)
publié le 24 septembre 2024 à 21h15

Le sol de l’Yonne à nouveau retourné pour tenter de percer de nouveaux secrets d’Emile Louis. Des fouilles ont débuté ce mardi 24 septembre à Rouvray, à une vingtaine de kilomètres d’Auxerre, là où plusieurs des victimes du tueur en série ont déjà été découvertes. Ces recherches se font dans le cadre d’une enquête sur la disparition d’une victime en 1975. Elles doivent durer jusqu’au 4 octobre, selon la gendarmerie.

Quelque 140 gendarmes et militaires sont notamment déployés sur place, dont une dizaine appartenant au génie de l’armée de terre, disposant de moyens pour fouiller en profondeur. Des gendarmes spécialistes de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), ont également été déployés, a précisé la gendarmerie.

En décembre 2018, un promeneur avait découvert une voûte crânienne sur ce même site, présenté comme le «cimetière» d’Emile Louis. Il avait été identifié, en mars dernier, comme le crâne d’une femme jusqu’alors inconnue, une association de parties civiles estimant qu’il s’agissait de la huitième victime de l’assassin. «L’ADN du crâne retrouvé et les recherches en parentèle permettent de considérer avec vraisemblance que l’ossement considéré appartiendrait à Marie Jeanne Ambroisine Coussin, née en 1935», avait indiqué en mars dernier Hugues de Phily, procureur à Auxerre.

Marie Coussin, une enfant de l’assistance qui vivait seule en foyer, avait disparu en 1975. Son foyer se trouvait sur le trajet qu’empruntait Emile Louis en tant que chauffeur de bus. Cette femme ne figurait pas sur la liste des sept victimes connues d’Emile Louis, interpellé en 2000 pour avoir tué ces jeunes filles handicapées de l’assistance sociale, entre 1977 et 1979. Condamné à la prison à perpétuité en 2004, puis une nouvelle fois en appel en 2006, Emile Louis est mort en octobre 2013 à Nancy à l’âge de 79 ans.

«La huitième victime d’Emile Louis»

Le parquet d’Auxerre avait estimé qu’il n’était pas certain que Marie Coussin était une nouvelle victime du tueur en série mais Pierre Monnoir, président de l’Association de défense des handicapés de l’Yonne, qui représentent quatre parties civiles, avait déclaré qu’il s’agissait «sûrement de la huitième victime d’Emile Louis». Pierre Monnoir en voulait pour preuve que le crâne avait été retrouvé «entre les deux corps» de victimes d’Emile Louis. Le tueur avait indiqué cet endroit mais seules les dépouilles de deux victimes, sur les sept connues, avaient été retrouvées en 2000. Le président avait alors demandé que «toute la zone» soit fouillée.

Dans un communiqué publié ce mardi, Didier Seban, avocat de la famille de Marie-Janne Ambroisine Coussin, s’est «réjoui de l’organisation d’une nouvelle campagne de fouilles, et ce, six ans après la découverte de son crâne dans les bois de Rouvray, à proximité directe du lieu d’enterrements de plusieurs victimes d’Emile Louis». «La famille de Mme Coussin espère que ces recherches permettront de donner un lieu de sépulture digne à leur proche et de faire toute la lumière sur les circonstances exactes de cette disparition», ajoute l’avocat.

«Ces fouilles relancent l’espoir des familles des disparues de l’Yonne, dont le corps n’a jamais pu être retrouvé», estime le conseil, citant cinq noms de disparues. L’avocat «regrette» cependant, tout comme les enfants de Marie Coussin, «d’avoir été, une nouvelle fois, informés, par voie de presse, de la réalisation de ces opérations» alors que «ces vérifications avaient été expressément sollicitées par leur soin» auprès du parquet d’Auxerre.

«La justice d’Auxerre n’a pas totalement tiré les leçons du passé et n’adopte pas une démarche respectueuse à l’égard des familles qui se battent pour la manifestation de la vérité concernant la mort de leur proche», accuse l’avocat.