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A la barre

En Ardèche, procès fiévreux entre chasseurs et communauté autogérée : «Ce n’est pas parce que l’on est le fils de Pierre Conty que ça compte double»

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Jeudi 3 avril, le tribunal de Privas a été le théâtre d’une intense audience, au cours de laquelle étaient jugés un membre d’une microsociété autosuffisante ayant abattu sept chiens en décembre 2023, ainsi que deux chasseurs suspectés d’avoir laissé divaguer leur meute.
A Privas (Ardèche), le 3 avril 2025, les chasseurs se sont rassemblés devant le tribunal en soutien à deux des leurs, suspectés d’avoir laissé divaguer leurs chiens, abattus en décembre 2023 par un membre d'une communauté autogérée. (Fabrice Hebrard/MAXPPP)
publié le 4 avril 2025 à 11h14

L’aurore est déchirée par une procession de silhouettes orange. Elles affluent de toutes les artères de Privas (Ardèche), saturées par le jappement rauque des Saint-Hubert et des griffons Korthals. Sur les pancartes, un chien en photo prend la parole dans une bulle d’une bande dessinée : «Tu crois pouvoir tuer mes amis comme ça ? Nous sommes une équipe et on se soutient.»

Encerclée par cette masse fluo, une troupe de la communauté Longo Maï, observe, circonspecte, le coup de force des chasseurs du cru, venus soutenir deux des leurs, dont la meute a été éparpillée par une Winchester de calibre 30-30 le 16 décembre 2023. Ce jour-là, Manuel Merlhiot, 51 ans, pilier de la coopérative agricole autogérée de Treynas, a tué Olympe, Sublime, Simba, Saya, Rep, Roxane et Popeye. Les chiens ont assailli les cochons de la communauté, tailladant trois bêtes, excipit trash de la battue aux sangliers. «Je reconnais les faits», pose-t-il d’emblée à la barre, voix rude et carrure de monolithe.

Les arcanes du tribunal judiciaire sont fiévreux. C’est un demi-siècle de défiance, de fantasmes et de rivalités qui se purgent tout en chuchotements. «Les chasseurs veulent nous intimider. Leur hobby mortifère est en déclin ; les écolos gagnent du terrain», entend-on chez les d