En résumé :
- Au lendemain de la brutale attaque au couteau de six personnes, dont des enfants entre 22 mois et 3 ans, l’état des victimes s’améliore.
- L’assaillant, un réfugié syrien de 31 ans, n’aurait été sous l’emprise ni de l’alcool ni de stupéfiants. Il n’a pas d’antécédents psychiatriques connus. Alors que sa garde à vue a été prolongée et qu’il n’a toujours pas été entendu, il n’a pas été jugé inapte à l’audition et l’enquête par l’expert psychiatrique.
- Emmanuel Macron, a rendu hommage à «l’ensemble des personnes qui ont contribué à leur apporter aide et soutien». «Vous avez offert le visage d’une France qui sauve, interpelle, intervient et qui soigne. Une France pleine d’humanité en laquelle nous croyons. Vous avez toute ma gratitude et ma fierté pour cela», a dit le chef de l’Etat.
Le point sur l’état de santé des blessés. Quatre enfants (de 22 mois à trois ans) et deux adultes ont été blessés au couteau jeudi. Deux des quatre enfants blessés lors de l’attaque au couteau à Annecy étaient toujours en « urgence vitale », a indiqué vendredi matin le porte-parole du gouvernement Olivier Véran. Quelques heures plus tard, Emmanuel Macron a livré des nouvelles «positives» sur l’état de santé des personnes blessées, après s’être rendu au CHU de Grenoble, où trois enfants sont hospitalisés. Il a notamment évoqué le cas d’une jeune Britannique, «réveillée» : «Elle regarde la télévision, et c’est un mauvais souvenir déjà.» «Les médecins étaient très confiants», a-t-il ajouté, tout en se disant «prudent». Concernant «la petite Néerlandaise, qui est [soignée] à Genève, ça va mieux», a encore détaillé le chef de l’Etat, tandis que la petite était déclarée «hors de danger» par le ministre néerlandais des Affaires étrangères. Les deux autres enfants, des cousins, Ennio et Alba sont, eux aussi, toujours hospitalisés. L’adulte le plus sérieusement blessé, de son côté, va mieux également, «il est réveillé», a détaillé Emmanuel Macron. L’homme a reçu plusieurs coups de couteaux puis une balle lors de l’intervention policière. Enfin, la sixième victime, Yusuf Meric, 78 ans, n’est même pas allé à l’hôpital. Blessé au bras gauche, des points de suture lui ont suffit. Il a témoigné dans Le Parisien.
«Les frontières extérieures de l’Union européenne ne sont pas tenues», selon Gérald Darmanin. En pleines négociations européennes sur une réforme sur la gestion de l’immigration, le ministre de l’Intérieur français met les pieds dans le plat sur BFMTV. «Quelle est la difficulté aujourd’hui ? Les frontières extérieures de l’Union européenne ne sont pas tenues. Au sens où des gens qui rentrent sur le territoire européen ne sont pas systématiquement rentrés dans un fichier, on ne prend pas systématiquement leurs empreintes et on ne leur demande pas systématiquement pourquoi ils viennent ici. Et lorsqu’ils viennent ici pour l’asile, pourquoi on ne prend pas tout de suite leur demande d’asile et pourquoi on ne l’examine pas rapidement ?», déclare-t-il en réaction à l’attaque perpétrée par un syrien à Annecy hier. Concernant le mobile de l’assaillant, Gérald Darmanin espère que l’enquête, et notamment l’exploitation du téléphone de l’individu permettront d’établir ses motivations. «Il est important de savoir que l’homme va être auditionné. […] Dans ce drame, l’expert psychiatrique n’a pas considéré qu’il était inapte à l’audition et à l’enquête», précise le ministre. Il rajoute que le suspect n’est «pas considéré comme quelqu’un de délirant» et que «la folie est une excuse trop facile a priori».
Drame d’Annecy : la concorde plutôt que la polémique. Faisant fi de la décence et du respect pour les blessés et leurs familles, les récupérations politiques par la droite et l’extrême droite se sont multipliées après l’attaque de jeudi 8 juin. C’est un nouvel abaissement de notre vie démocratique.
Lire le billet de Jonathan Bouchet-Petersen
Comment limiter la diffusion des vidéos d’attentat ? TF1, BFMTV, France 2… Toutes ces chaînes de télévision ont choisi de ne pas diffuser l’intégralité de cette séquence, décrite comme «atroce, insoutenable, difficile à regarder» par le journaliste de BFMTV ayant eu la difficile tâche de la visionner. Mais sur Twitter notamment, comptes anonymes et personnalités affiliées à l’extrême droite les ont relayées en masse. Problème : c’est interdit par la loi. La diffusion des vidéos de l’attaque d’Annecy repose la question du contrôle des contenus sur les réseaux sociaux. Comment modérer ?
Pour aller plus loin
L’Union des mosquées de France dénonce les «récupérations politiques». L’offensive de la droite et de l’extrême droite n’a pas échappé à l’Union des mosquées de France (UMF). «Nous regrettons que dès l’annonce de la nationalité syrienne de l’assaillant, les récupérations politiques furent nombreuses, mettant à l’index une fois de plus l’islam et l’immigration», écrit Mohammed Moussaoui, président de la fédération de mosquées UMF, dans un communiqué. Il a ajouté craindre «une volonté délibérée de vouloir renforcer les préjugés et les stéréotypes dont sont victimes les musulmans de France». «La violence n’a ni religion ni nationalité. Un vrai chrétien ne tue pas de la sorte, un vrai musulman ou un vrai juif non plus. Il est temps de prendre conscience qu’aucune religion n’enseigne à ses pratiquants la sauvagerie», a encore estimé l’UMF, qui a assuré les victimes de son «soutien» et de ses prières. Partie bille en tête jeudi, la classe politique de droite a très vite parlé d’«islamisme» et de «terrorisme», avant que les détails ne soient connus sur le profil de l’agresseur : Syrien, né en 1991 et réfugié en Suède, possiblement chrétien d’Orient, il aurait agi «sans mobile terroriste apparent», selon le parquet d’Annecy.
Des tags anti-migrants sur la permanence d’un député LFI en Gironde. L’inscription «Vos migrants, nos morts» a été découverte vendredi matin, au lendemain de l’attaque au couteau, sur le volet roulant de la permanence de Loïc Prud’homme à Villenave-d’Ornon, dans la banlieue de Bordeaux. Quatre membres de la police scientifique sont venus en fin de matinée pour prendre des photos, examiner les inscriptions et effectuer des prélèvements. «Les xénophobes et racistes ont des réflexes aussi moisis que leur pensée. Ils peuvent bien taguer ma permanence, mes convictions humanistes et anti-racistes n’en sortent que renforcées», a réagi sur twitter Loïc Prud’homme. Le député Insoumis de la 3e circonscription de la Gironde a reçu le soutien du chef de file des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, qui a pointé du doigt «l’extrême droite raciste».
Les xénophobes et racistes ont des réflexes aussi moisis que leur pensée. Ils peuvent bien taguer ma permanence, mes convictions humanistes et anti-racistes n'en sortent que renforcées. #Annecy pic.twitter.com/zEj9NSuMZs
— Loïc Prud'homme (@PrudhommeLoic) June 9, 2023
Se présentant comme un ancien soldat syrien, l’auteur de l’attaque s’était vu refuser la naturalisation en Suède. Alors que son ex-femme avait obtenu la nationalité suédoise en 2021, l’auteur de l’attaque d’Annecy s’était, lui, vu refuser sa demande, selon une information du Monde. Après une première demande rejetée parce qu’il n’était pas encore dans le pays depuis assez longtemps - il faut avoir vécu au moins cinq ans en Suède pour espérer être naturalisé - il a de nouveau tenté sa chance en août 2018, sans réponse, puis en 2021. L’office national suédois des migrations a officiellement rejeté sa demande, le 11 février 2022. Selon le jugement, consulté par Le Monde, les autorités suédoises justifient ce refus par le fait que l’auteur de l’attaque avait affirmé lors de sa demande d’asile avoir «servi dans l’armée syrienne de juin 2011 à décembre 2012». Pour rappel, selon son ex-femme, le mis en cause a quitté le pays parce qu’il ne pouvait s’y faire naturaliser.
Attaque à Annecy : l’extrême droite radicale multiplie les manifestations racistes. Dès jeudi soir, quelques heures seulement après l’attaque au couteau qui a visé des enfants, des militants radicaux se sont retrouvés pour défiler à Annecy. Bien décidés à instrumentaliser le drame pour attiser la haine de l’étranger, les groupuscules ont prévu plusieurs manifestations ce week-end.
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Le festival international du film d’animation d’Annecy maintenu, les séances en plein air reportées. La 46ème édition du festival du film d’animation aura bien lieu. Dans une déclaration officielle publiée sur les réseaux sociaux, l’équipe organisatrice a confirmé que le festival se tiendra, comme prévu, du dimanche 11 au samedi 17 juin. Cependant, «en signe de soutien aux familles et aux victimes», le lancement des séances en plein air est reporté au lundi 12 juin.
Déclaration officielle - Annecy 2023 pic.twitter.com/eFo9u8WPSo
— Annecy Festival (@annecyfestival) June 9, 2023
Attaque d’Annecy : derrière Henri, d’autres héros ordinaires. Pèlerin «amoureux des cathédrales», agents municipaux, professeur de math, Emmanuel Macron a rencontré ce vendredi 9 juin plusieurs passants qui ont tenté d’arrêter Abdalmasih H. quand ce dernier poignardait des enfants dans un parc.
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La fillette néerlandaise «hors de danger». Une jeune Néerlandaise blessée lors de l’attaque au couteau à Annecy est désormais «hors de danger», a déclaré vendredi le ministre néerlandais des Affaires étrangères. «Soulagé d’apprendre que la Néerlandaise qui a été victime de l’attaque à l’arme blanche à Annecy hier est hors de danger», a déclaré Wopke Hoekstra sur Twitter. Il a précisé que l’ambassadrice des Pays-Bas en Suisse, où la fillette a été hospitalisée, s’était entretenue avec un de ses parents.
Opgelucht te horen dat het Nederlandse meisje dat gisteren slachtoffer werd van de steekpartij in Annecy buiten levensgevaar is. Onze ambassadeur in Zwitserland @HeddaSamson heeft een van de ouders van het meisje gesproken. We staan ze zo goed mogelijk bij in deze moeilijke tijd.
— Wopke Hoekstra (@WBHoekstra) June 9, 2023
Emmanuel Macron : «S’attaquer à des enfants est l’acte le plus barbare qui soit». «S’attaquer à des enfants est l’acte le plus barbare qui soit», a déclaré Emmanuel Macron lors de la visite à Annecy, au lendemain de l’attaque au couteau qui a fait six blessés, dont 4 enfants très jeunes. Emmanuel Macron, accompagné de son épouse Brigitte, a assuré qu’il voulait «apporter le soutien de la Nation toute entière à ces enfants et à leurs familles».
«Vous avez toute ma gratitude et ma fierté», dit Macron devant les secours et personnes intervenues lors de l’attaque. «Je suis très fier de vous, très fier de ce qui a été fait par des compatriotes qui simplement été là, et par le rôle que chacun a pris.» Prenant la parole devant les personnes étant intervenues lors de l’attaque au couteau, invitées à la préfecture de Haute-Savoie, et devant les secours, le président de la République à saluer les attitudes des uns et des autres. «Vous avez offert le visage d’une France qui sauve, interpelle, intervient et qui soigne. Une France pleine d’humanité en laquelle nous croyons. Vous avez toute ma gratitude et ma fierté pour cela.»
Les nouvelles pour les enfants sont «positives», selon Macron. S’adressant aux personnes présentes lors de l’attaque au couteau et réunies à la préfecture de Haute-Savoie, le président de la République a affirmé que les nouvelles pour les enfants «sont positives». «Tout ce qui m’a été dit va dans le bon sens», assure Emmanuel Macron.
Attaque au couteau à Annecy : qui est Henri, le «héros au sac à dos» qui a fait reculer l’assaillant ? Le jeune homme de 24 ans faisait un arrêt à Annecy, en plein tour de France des cathédrales, où il a courageusement fait face à l’homme qui a attaqué au couteau 6 personnes dont 4 enfants.
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Une campagne xénophobe à Lyon. Des panneaux du groupuscule d’ultra-droite «les Remparts» ont été affichés sur les grilles d’un square dans le 3e arrondissement de Lyon. «Sur ces panneaux, ont été relevés des slogans xénophobes à l’encontre de migrants présents dans ce square et contre tous les migrants en général, indique la préfecture du Rhône. […] Cette campagne de communication indigne est un procédé réitéré de ce groupuscule qui n’hésite pas à récupérer à son profit les événements tragiques et abominables qui se sont déroulés hier à Annecy.» La préfecture indique avoir procédé à un signalement au procureur de la République de Lyon.
L’auteur de l’attaque jugé «anxieux» et «dépressif». La garde à vue du mis en cause semble «extrêmement difficile pour les enquêteurs qui ont du mal à échanger avec lui», indique BFMTV. L’auteur de l’attaque, qui ne parle qu’en anglais ou en arabe, tiendrait des propos incohérents et aurait refusé à plusieurs reprises d’échanger avec les enquêteurs. Après un examen sommaire, un médecin et un psychiatre ont évalué le comportement du mis en cause, jugé comme «anxieux» et «dépressif». Son état de santé est néanmoins compatible avec la garde à vue. Des expertises plus poussées devraient permettre de faire un bilan plus précis de son état.
Emmanuel Macron part de l’hôpital de Grenoble. Après avoir rencontré les familles des trois enfants hospitalisés au CHU de Grenoble et échangé avec le personnel soignant, le président de la République ainsi que Brigitte Macron sont sortis de l’hôpital, sans faire de déclaration. Ils ont pris la direction d’Annecy.
Macron va rencontrer Henri, l’homme au sac à dos. Emmanuel Macron, en déplacement ce vendredi au chevet des victimes de l’attaque au couteau d’Annecy, va rencontrer l’homme au sac à dos que l’on voit faire reculer l’assaillant sur une vidéo enregistrée au moment des faits, a annoncé l’Elysée. «Ce matin, nous avons indiqué que le Président et son épouse souhaitaient pouvoir rencontrer l’ensemble des personnes qui, à Annecy, ont contribué à apporter aide et soutien aux victimes et à leurs familles. Il en fait bien évidemment partie», a dit l’Elysée. «Ça devrait se faire dans l’après-midi normalement», a précisé sur BFM TV le jeune homme, prénommé Henri.
Vingt-quatre heures après les faits, la presse française tente de mettre des mots sur le choc. «L’Effroi.» Au lendemain de l’attaque, un seul et même mot s’impose à la une de la presse française. Du Figaro au Parisien, en passant par Nice-Matin, l’Union, l’Alsace et le Dauphiné libéré, les titres sont à peu près les mêmes pour tenter de dire la terreur et la stupéfaction qui règnent vingt-quatre heures seulement après une attaque d’une rare brutalité. «Le choc et l’émoi», résume de son côté Ouest-France, quand l’Ardennais choisit de titrer : «Annecy frappée au cœur.»