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Attentat du 7 janvier 2015 : «Charlie», Ahmed Merabet, Hyper Cacher, trois hommages en toute sobriété dix ans après

10 ans après l'attentat contre Charlie Hebdodossier
Le 7 janvier 2015, douze personnes, dont huit membres de la rédaction du journal satirique, perdaient la vie dans l’attaque terroriste des frères Kouachi. Dix ans après, l’heure est au souvenir.
La foule des anonymes après l'hommage officiel, devant les anciens locaux de Charlie Hebdo. (Denis Allard/Libération)
publié le 7 janvier 2025 à 7h18
(mis à jour le 7 janvier 2025 à 14h30)

En résumé :

  • En présence d’Emmanuel Macron, d’Anne Hidalgo et de nombreux ministres, l’hommage officiel devait débuter devant les anciens locaux de l’hebdomadaire à 11h30, l’heure des premiers tirs il y a dix ans mais elle a pris quelques minutes de retard. Les familles de victimes et la brochette d’officiels ont ensuite rendu hommage au policier Ahmed Merabet avant de se rendre porte de Vincennes, pour saluer la mémoire des victimes de l’Hyper Cacher.
  • Mercredi, la ville de Montrouge organise un hommage à la policière municipale Clarissa Jean-Philippe, tuée par Amedy Coulibaly, également auteur de l’attaque de l’Hyper Cacher.
  • Ces attentats avaient provoqué une émotion mondiale et donné naissance à un slogan de soutien resté célèbre : «Je suis Charlie.» Le 11 janvier 2015, des manifestations avaient réuni près de 4 millions de personnes à travers la France.
  • «Le rire, l’ironie, la caricature sont des manifestations d’optimisme. Quoi qu’il arrive de dramatique ou d’heureux, l’envie de rire ne disparaîtra jamais», écrit le directeur de Charlie, Riss, dans l’édito du numéro spécial tiré à 300 000 exemplaires pour marquer ce dixième anniversaire.
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Les hommages se poursuivent demain. Mercredi, la ville de Montrouge organise un hommage à la policière municipale Clarissa Jean-Philippe, tuée par Amedy Coulibaly, également auteur de l’attaque de l’Hyper Cacher.

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Fin des hommages officiels du 7 janvier. Depuis l’attentat contre Charlie Hebdo, la cérémonie du 7 janvier se fait en trois temps, devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, boulevard Richard-Lenoir pour saluer la mémoire du lieutenant Ahmed Merabet mais aussi porte de Vincennes, face au supermarché Hyper Cacher même si l’attentat s’y est déroulé deux jours après l’attaque contre le journal satirique. Mardi, dans le même ordre que lors des deux premières étapes, des gerbes ont été déposées devant la supérette avant une minute de silence et une sonnerie aux morts. Le 9 janvier 2015, Philippe Braham, Yohan Cohen, Yoav Hattab, François-Michel Saada avaient été abattus par le terroriste Amedy Coulibaly.

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«Ce drame m’a catastrophée». Nourdine, tête enfoncée dans son bonnet, le Charlie du jour et un drapeau de la France dans la main. Un drapeau minuscule, qu’il a eu pendant les Jeux Olympique. Sa compagne Frédérique à son côté. Elle, elle porte sa colère. «Ce drame m’a catastrophée», dit-elle. A l’époque, le couple habitait à 300 mètres. Il s’était rendu sur place. «C’était horrible, quand j’ai vu la bouille de Patrick Pelloux en larmes». Elle parle du moment d’unité, de partage de la marche du 11 janvier. Elle crie : «La liberté !» Puis : «Non, ça, non !» et Nourdine lui susurre de chuchoter. C’est le seul éclat qu’on a entendu ce matin. Après, Frédérique, dit qu’elle ira faire du yoga, et méditer. «Beaucoup, pour me détendre.» Par Romain Boulho.

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Macron et Hidalgo, l’hommage commun. Comme rue Nicolas-Appert, le chef de l’Etat et la maire de Paris ont déposé ensemble une gerbe de fleurs boulevard Richard-Lenoir, à l’endroit où Ahmed Merabet a été tué par les frères Kouachi dans leur fuite, juste après l’attaque contre Charlie Hebdo. La foule composée des familles et des officiels a ensuite respecté une minute de silence.

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Retrouvailles et émotion devant les anciens locaux de Charlie Hebdo.

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Une minute de silence jetée sur du silence. Depuis quelques instants, tout l’air de la petite rue s’est figé dans le silence. Des gerbes blanches déposées sur le trottoir, devant l’entrée. Puis les talonnettes des soldats. «Aux morts.» Un roulement de tambour. Un cor. Une minute de silence jetée sur du silence. Des visages, parmi la foule, sans inflexion. Une Marseillaise enregistrée. Quelques instants, c’est tout, sobre, comme les familles le souhaitaient. Il n’y a guère qu’Emmanuel Macron, qui n’a pas pour habitude de se rendre à ces journées hommage, pour rompre cette sobriété. Le Président est arrivé en retard – son habitude bien réelle, là. Par Romain Boulho.

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Aucune prise de parole. La cérémonie d’hommage est entièrement silencieuse, à l’exception des noms des victimes égrainés un à un par un Monsieur Loyal, dont les consignes résonnent ensuite résonnant dans un micro et du bruit des pas des policiers apportant une à une les gerbes de fleurs déposées aux noms des familles des victimes, des autorités religieuses et des officiels. Au premier rang, autour d’Emmanuel et Brigitte Macron, une grande partie du gouvernement Bayrou mais aussi François Hollande, Bernard Cazeneuve, Yannick Jadot, Emmanuel Grégoire et toute une palanquée d’élus parisiens. Michel Barnier a également été invité. Riss et Gérard Biard ont déposé en personne leur couronne de fleurs avant de se recueillir devant la porte des locaux.

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Mais où était passé Emmanuel Macron ? Déposé dans le XIe arrondissement avant 11h30, le chef de l’Etat se fait toujours attendre devant les anciens locaux de Charlie Hebdo. Pourtant, l’horaire de la cérémonie était calé, symboliquement, sur l’heure des premiers tirs dans la salle de rédaction du journal, le mercredi 7 janvier 2015. A 11h30 donc. Accompagné de son épouse, il est finalement apparu à l’image dans les directs à la télé à 11h40.

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Vent doux, calme froid rue Nicolas-Appert. Le 7 janvier, ça a commencé là, dans cet immeuble-là, dans la salle de conf au deuxième étage. «C’était une toute petite salle dans un tout petit immeuble situé dans une toute petite rue qui ne ressemblait à rien sinon une impasse», écrit Philippe Lançon dans le Lambeau. Aujourd’hui, dans la rue Nicolas-Appert, ils sont une centaine de visages, des familles, des élus, des soutiens, des forces de l’ordre, regroupés, coagulés. Une dame serre le Charlie du jour dans ses mains. A 20 minutes du début des hommages, les rayons du soleil font des trous dans les nuages parisiens. Vent doux, calme froid. Devant les journalistes, Malika Bret, ancienne DRH de Charlie Hebdo dit qu’il s’agit d’un «moment où on rend hommage à ces gens magnifiques, et où on se rappelle aussi pourquoi ça s’est passé». Par Romain Boulho.

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«C’était où Charlie ?» Elle pointe son doigt sur la pendule noire, et reste ainsi tandis que l’aiguille tourne. «Dans une heure, quelque chose comme ça, ça fera dix ans.» C’est Christine. Elle tient le petit salon de coiffure non loin de la rue Nicolas-Appert, avec son nom en grand sur la vitrine, depuis vingt ans. Il n’y a aucun client ce matin, le quartier est bouclé, rubalisé. Elle dit que c’est ainsi tous les ans depuis le 7 janvier 2015. Elle tait ce jour-là, elle n’ose rien dire, l’émotion, le quartier traumatisé. Parfois, ça reflue avec certains clients. Et puis des curieux passent une tête aussi, lui demandent : «C’était où Charlie ?». Par Romain Boulho.

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A Rouen aussi, des étoiles de David taguées. Une responsable de la synagogue de Rouen, déjà touchée par un incendie volontaire en mai 2024, a annoncé avoir déposé plainte lundi contre X pour provocation publique à la haine après la découverte de tags antisémites. Ces dégradations commises entre fin décembre et début janvier ont été découvertes alors que des d’étoiles de David et d’inscription «juif» ont été constatées lundi sur des bâtiments à Saint-Mandé et Vincennes (Val-de-Marne), à proximité de l’Hyper Cacher qui avait été attaqué en 2015 après l’attentat contre Charlie Hebdo. «J’ai voulu rendre ça public, parce que ça suffit !», a déclaré mardi matin Natacha Ben Haïm, présidente de l’Association cultuelle israélite de Rouen (ACIR) à un correspondant de l’AFP, confirmant une information de la radio Ici Normandie.

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Le préfet de police de Paris moins anxiogène que le ministre de l’Intérieur ? Selon Laurent Nunez, interrogé mardi matin sur LCI, il n’y a «pas de menace caractérisée d’attentat» lors de cette journée d’hommage pour laquelle un important «dispositif de protection» a été mis en place. Le préfet de police de Paris préfère parler d’une «menace permanente très élevée». Comme la plupart des personnalités interrogées en ce dixième anniversaire, Nunez raconte qu’il se souvient très nettement où il était quand il a appris l’attentat contre Charlie Hebdo : «J’étais directeur du cabinet du préfet de police (numéro 2), cela a personnellement eu un écho très fort. J’animais alors une réunion et le préfet était au Conseil de Paris. On apprend d’abord qu’un policier est très grièvement blessé sur la voie publique, Ahmed Merabet qui décédera rapidement, puis qu’il y a une attaque à Charlie Hebdo et de nombreuses victimes». Les jours qui ont suivi ? «Un tunnel».

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Pour François Molins, «c’est comme si c’était il y a un mois». Il a été le visage (et la voix) de l’année 2015, celui qui a mené l’enquête et tenu les Français informés de ses développements après les attentats de janvier puis du 13 novembre. A l’occasion du dixième anniversaire de l’attaque contre Charlie, l’ancien procureur de la République François Molins a repris du service sur les plateaux, racontant (c’est rare) son ressenti de l’époque. «Dix ans c’est énorme, mais les souvenirs sont tellement forts que c’est comme si c’était il y a un mois», a-t-il livré mardi matin sur France Info. Le 7 janvier, il est arrivé dans la rue Nicolas-Appert au moment où l’on croyait qu’il n’y avait qu’une seule victime. «Je me suis accordé une ou deux minutes de recueillement», raconte-t-il, avant de «passer à mon office professionnel, en essayant de remplir ma mission». Les commémorations, auxquelles il participe toujours, «ça permet de revoir des victimes et des familles de victimes, avec lesquelles se tissent des liens». Dans l’Express, il raconte aussi : «C’est le souvenir d’une époque qui était vraiment très anxiogène. On avait l’impression d’être enfermés dans une spirale de la terreur qui se traduisait par une répétition régulière des attentats et qui nous renvoyait finalement à une forme d’impuissance, d’incapacité. C’est une période qui a duré trois ans, de 2015 à 2017, très dure à vivre parce que vous vous rendez compte que, quelles que soient l’ampleur et la valeur de votre travail, l’amélioration que vous y apportez ou la qualité de la collaboration avec les services de renseignement, vous n’arrivez pas à endiguer le phénomène terroriste.»