En résumé :
- Plus de 5 000 personnes ont assisté au rassemblement citoyen en hommage à Dominique Bernard, prof tué vendredi à Arras, selon la préfecture. Rendez-vous avait été donné à 11 heures sur la place centrale d’Arras, non loin de la cité scolaire Gambetta, théâtre de l’attaque.
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- Neuf personnes, dont l’auteur présumé de l’attaque terroriste dans un lycée d’Arras vendredi, sont toujours en garde à vue. Deux gardes à vue concernant des personnes d’origine biélorusse ont été levées ce dimanche d’après BFMTV. De nationalité russe, âgé de 20 ans et fiché S, Mohammed Mogouchkov était suivi depuis peu par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).
- Invité du JT de 20 heures de TF1 ce dimanche, le ministre de l’Education nationale Gabriel Attal a annoncé que toute perturbation des hommages à Dominique Bernard et Samuel Paty dans les écoles lundi donneraient lieu à une saisine de la justice.
- Retrouvez toutes les informations sur l’attaque avec le live de samedi sur Libération.fr.
Gabriel Attal veut «aller plus loin» sur la sécurisation des établissements scolaires. Interrogé sur les mesures de sécurité déployées à l’école, le ministre de l’Education nationale a rappelé que «depuis 2015, tous les établissements ont un plan de mise en sûreté», lequel a «permis d’éviter un carnage absolu» à Arras. Mais pour Gabriel Attal «il faut aller plus loin» pour que l’école «reste un sanctuaire» dans lequel «on doit toujours être plus en sécurité à l’intérieur qu’à l’extérieur». A cette fin, le ministre annonce réunir la semaine prochaine les collectivités locales - les villes sont en charge du primaire, les départements des collèges, les régions des lycées - «pour avancer avec elles». «Il n’y a aucun tabou sur le sujet. Le seul tabou, c’est de ne pas avancer.»
Une minute de silence sous haute surveillance, prévient Attal. Le ministre de l’Education nationale a également rappelé qu’une minute de silence doit se tenir demain lundi à 14 heures dans tous les établissements scolaires. A cette occasion, il a voulu afficher sa fermeté face aux éventuelles perturbations qui pourraient se faire jour. «Je ne tolérerai aucune contestation, aucune provocation, pose Gabriel Attal. Très concrètement, il y aura un signalement nominatif, qui donnera lieu à des sanctions disciplinaires et à une saisine automatique du procureur de la République pour engager des poursuites.»
Gabriel Attal : «l’école a été durement frappée mais est debout.» Deux jours après l’assassinat de Dominique Bernard, avant le retour en classe demain lundi, le ministre de l’Education nationale était l’invité du 20 heures de TF1 ce dimanche. «Je suis à la tête d’une école qui a été durement frappée mais qui est debout. L’école ne se laissera pas terroriser», a lancé Gabriel Attal. Il a rappelé le déroulé de la journée de demain dans les établissements scolaires : les collégiens et lycéens démarreront les cours à 10 heures pour laisser leurs enseignants avoir un moment ensemble. «Il faut qu’ils puissent se retrouver, qu’ils puissent préparer ensemble le retour des élèves. Ensemble ils sauront trouver les mots», estime Gabriel Attal.
Après l’attaque terroriste d’Arras, le danger des renoncements démocratiques. La perpétuelle volonté, après un attentat, de durcir la loi concernant un étranger, alors que les pouvoirs publics ont déjà largement les moyens d’agir, laisse croire que la perspective de «zéro attentat» est possible. Terrible illusion, promesse de profondes désillusions. Le billet de Thomas Legrand.
Deux gardes à vue levées. Plus que neuf personnes sont toujours en garde à vue dans l’enquête sur l’attaque d’Arras. Deux gardes à vue ont en effet été levées ce dimanche d’après les informations de BFMTV. Il s’agirait des deux personnes d’origine biélorusse qui se trouvaient avec l’assaillant la veille de l’attaque.
Hommage à Dominique Bernard : «Je n’oublierai jamais ta silhouette, sur le perron du lycée Gambetta». Aurélie, une ancienne collègue du professeur de français tué par un ex-élève islamiste radicalisé vendredi dans son lycée à Arras, lui rend hommage dans un texte publié par Libé, avec son autorisation. «Dominique, ta silhouette, je la vois sur le perron du lycée Gambetta, quand nous arrivions ensemble pour aller enseigner et que nous gravissions ces quelques marches, alourdis par nos sacs, nos copies, nos livres et nos idées. Alourdis, mais tellement légers ! Parce que toi et moi allions faire ce que nous aimions, ce pour quoi nous étions taillés : élever.» La suite à lire ici.
Au rassemblement en hommage à Dominique Bernard, Arras «uni et debout». Le carillon du Beffroi a d’abord résonné, avec sa douce mélodie. Puis les sirènes (celle du mercredi midi), trois fois de suite. L’émotion prenait aux tripes, ce dimanche 15 octobre, sur la place des Héros, à Arras (Pas-de-Calais), pour l’hommage à Dominique Bernard, le professeur de français tué lors d’une attaque terroriste dans son lycée deux jours plus tôt. «Il n’y a pas de mot pour apaiser», a dit le maire, Frédéric Leturque. Retrouvez notre reportage.
Les cours reprendront mardi au lycée Gambetta-Carnot. La Voix du Nord souligne que les parents et élèves du lycée visé par l’attaque ont reçu un message via la plateforme de l’ENT leur indiquant que les cours ne reprendront pas lundi. «Les cours reprendront mardi à 10 heures» et «certains professeurs ne seront peut-être pas présents», prévient le directeur de l’établissement.
Nous sommes unis. #Arras pic.twitter.com/LxPkN7rbjm
— Frédéric Leturque 🇪🇺🇫🇷 (@FLeturque) October 15, 2023
Pour Eric Dupond-Moretti, la polémique sur les fichiers S est «de la petite poloche». Invité de Questions politiques sur France Inter, le ministre de la Justice, Eric Dupont-Moretti, est monté en soutien de son collègue de l’Intérieur sur la question d’un éventuel raté du renseignement dans le passage à l’acte de Mohammed Mogouchkov : «Mais que pouvait-on faire de plus en l’occurrence ? Est-ce que ce qui est imprévisible doit être prévu ? a-t-il interrogé. On ne peut pas suivre tous ceux qui sont suspectés.» Pour le garde des Sceaux, «cette polémique […] sur les fichiers S» est de «de la petite poloche» : «Il suffit que quelqu’un soit en contact avec un islamiste radical pour qu’il soit fiché S», rappelle-t-il. Il assure également que le «texte [immigration] que va porter Gérald Darmanin va remédier à cette situation».
Ruffin : au RN, «on les imagine accueillir l’annonce de l’attentat avec un petit sourire malsain». Tout en assurant que la gauche n’a pas de «gêne» avec le terrorisme, François Ruffin a dénoncé ce dimanche, toujours sur BFM TV, les prises de position de l’extrême droite depuis vendredi. «Je trouve le comportement des responsables du Rassemblement national depuis vingt-quatre heures indigne. On les imagine accueillir l’annonce de l’attentat avec un petit sourire malsain. Ils ont sauté sur l’occasion pour demander la démission du ministre de l’Intérieur. Les terroristes veulent hystériser le débat. Leur l’urgence, c’est déstabiliser le pays.» Et d’assener : «[Les gens du RN] ne sont pas à la hauteur des événements.»
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Après l’attaque d’Arras, des mesures de sécurité renforcées pour les établissements scolaires. Depuis vendredi soir, le passage de la France en alerte «urgence attentat», le niveau le plus élevé du dispositif de sécurité Vigipirate, impose une kyrielle de nouvelles mesures de prévention, en particulier «de renforcer la surveillance et le contrôle aux abords des établissements scolaires», précise un document de la Police nationale. Le contrôle des abords des établissements scolaires par les forces de l’ordre est renforcé avec, selon les cas, possibilité de vérification des identités et fouilles des véhicules. Les besoins de sécurité des établissements scolaires, voire des membres de la communauté éducative, devront être évalués par les forces de l’ordre, avec à la clé, entre autres, échanges de contacts entre les agents des ministères de l’Education nationale et de l’Intérieur, réalisation d’audit de sûreté, diagnostics de sécurité partagés, etc. De son côté, Gabriel Attal a annoncé vendredi soir le déploiement de 1 000 membres des équipes mobiles de sécurité (EMS), un dispositif créé en 2010 et destiné à lutter contre la violence scolaire.
«Il faut faire évoluer la loi pour permettre les expulsions nécessaires», affirme Manuel Valls. Une fois ces justifications passées, Manuel Valls est raccord avec Gérald Darmanin. Pour l’ex-Premier ministre, «il faut faire évoluer la loi pour permettre les expulsions nécessaires». Valls est donc «favorable à ce que la France ait la capacité d’expulser ceux qui ont été déboutés, ceux qui n’ont rien à faire sur le territoire et ceux qui constituent évidemment une menace pour la sécurité nationale». Et pour cela, «il faut donc clairement une nouvelle loi» : «Il faut pouvoir expulser efficacement et rapidement», «[dire] stop à l’immigration».
Fin du rassemblement à Arras, plus de 5 000 participants. La place des héros s’est bien vidée, mais il reste encore des petits groupes qui discutent. Au total, ils ont été plus de 5 000, selon la préfecture, à se rassembler ce dimanche à Arras en hommage à Dominique Bernard. La sirène de la ville avait d’abord retenti à plusieurs reprises sur la place, noire de monde, dans un silence de plomb, avant des prises de parole.
François Ruffin : «En matière d’expulsion, on ne doit pas être sur un arrosage mais sur un ciblage.» Le député insoumis ne veut pas se laisser enfermer dans un débat qui mêle immigration et terrorisme. Pour lui, «en matière d’expulsion, on ne doit pas être sur un arrosage mais sur un ciblage». «Nous devons cibler les 100, les 200, les 300 personnes […], le haut du spectre», poursuit-il. Sans préciser s’il allait voter en faveur de la disposition prévue dans la loi immigration visant à expulser plus facilement des étrangers en situation irrégulière. Pour Ruffin néanmoins, «cette famille, elle ne devait plus être en France […] Oui, il n’y a pas de doute».
Manuel Valls : «Le terroriste d’Arras [était] alors en CM2.» Toujours dans le Parisien, l’ancien ministre de l’Intérieur justifie l’absence d’expulsion de la famille du suspect par respect de la circulaire qui porte son nom et autorise notamment la régularisation des enfants scolarisés des étrangers sans papiers. «Mon cabinet examine le dossier et constate en effet que cette famille est sur le territoire depuis plus de cinq ans. Les enfants sont arrivés très jeunes en 2008 et sont scolarisés du CE1 à la sixième, le terroriste d’Arras étant alors en CM2…» fait-il valoir. Et de justifier : «[Cette famille] ne faisait pas l’objet d’un signalement particulier et ne représentait aucun élément de trouble à l’ordre public. Il y a donc eu une instruction de mon cabinet pour que cette famille ne soit pas expulsée afin de respecter une circulaire.»
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Pour François Ruffin, «l’humanité vient effacer le fanatisme». Invité de BFM TV ce dimanche, le député LFI François Ruffin a loué la réaction «humaine» des personnels qui ont tenté de stopper le passage à l’acte de Mohammed Mogouchkov. «J’ai une amie qui enseigne à Arras, ce que m’inspire son récit : on a des gens ordinaires, qui ne sont pas préparés à affronter le danger. Mais quand il surgit, ils l’affrontent, ils s’interposent, ils donnent leur vie pour les élèves. Je veux qu’on dise l’horreur, mais aussi cette réserve d’humanité qu’il y a chez les gens ordinaires, quand surgit l’horreur, et qui vient effacer le fanatisme.» L’élu martèle : «Les terroristes veulent diviser la société. [En réponse], on doit faire bloc, unité, faire la France ensemble.»
Annulation de l’expulsion de la famille Mogouchkov : l’ex-Premier ministre Manuel Valls nie toute responsabilité. «C’est pas ma faute.» Mis en cause depuis vendredi pour ne pas avoir expulsé la famille Mogouchkov en février 2014, l’ex-Premier ministre Manuel Valls dénonce ce dimanche dans le Parisien une «polémique […] dérisoire et inutile». «Je n’ai pas le bras qui tremble mais, à la différence d’autres, je respecte le droit et je ne joue pas double jeu !» se défend-il.
Minute de silence ce lundi à Lille. Alors qu’une minute de silence doit être respectée ce lundi 16 octobre à 14 heures dans tous les établissements scolaires de France en hommage à Dominique Bernard, la mairie de Lille invite les Lilloises et Lillois à faire de même sur le parvis de l’hôtel de ville.
Elisabeth Borne affirme à son tour que «rien ne pouvait prédire le passage à l’acte». Dans son interview à la Tribune ce dimanche, la Première ministre a affirmé, après Gérald Darmanin, qu’il n’y avait pas eu de faille dans la surveillance de l’auteur de l’attentat d’Arras, Mohammed Mogouchkov, fiché S et suivi depuis l’été par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), qui l’avait interpellé la veille des faits. «Aucun élément recueilli dans le cadre de cette surveillance ne faisait mention de projet terroriste, affirme-t-elle. On n’a pas eu de signes avant-coureurs. Rien, dans les éléments qu’on avait pu obtenir, ne permettait de prédire son passage à l’acte.» Samedi, au lendemain des faits, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait déjà assuré lors d’une conférence de presse qu’il n’y avait «pas eu de faille des services de renseignement», alors qu’une partie de l’extrême droite réclame, depuis vendredi, sa démission.