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Procès des viols de Mazan : revivez le jour du verdict d’un procès historique

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Après plus de trois mois d’un procès historique qui a mis en lumière, selon les mots de Gisèle Pelicot, «la banalité du viol», la cour criminelle du Vaucluse a condamné ce jeudi 19 décembre Dominique Pelicot à 20 ans de réclusion criminelle et ses coaccusés à des peines allant de 3 à 15 ans de prison ferme.
Jour du verdict du procès de Dominique Pelicot et de 51 hommes accusés de viol aggravé sur Gisèle Pelicot, tribunal d’Avignon, jeudi 19 décembre. (Arnold Jerocki/Libération)
publié le 19 décembre 2024 à 6h59
(mis à jour le 19 décembre 2024 à 22h04)

En résumé :

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«On entre dans un nouveau moment de la civilisation humaine.» Après le procès des viols de Mazan, le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon a affirmé, lors d’une conférence : «il va falloir que l’on aille bien plus profond (...) pour comprendre ce qui est en cause dans les cultures éducatives des hommes.» «Parce que ça fait partie du problème», a-t-il souligné.

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Le combat de Gisèle Pelicot «nous oblige tous et doit être poursuivi», dit le Premier ministre. Après la condamnation de l’ex-mari de Gisèle Pelicot à 20 ans de réclusion criminelle, François Bayrou estime que le «combat» de cette femme «nous oblige tous et doit être poursuivi». «Immense respect à l’égard de Gisèle Pelicot, qui a montré tout au long de ce procès un courage et une exemplarité sans faille», a aussi écrit le chef du gouvernement sur X, à propos de celle qui est devenue une icône de la cause des femmes.

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«La fin de la honte pour les victimes, la fin de l’impunité pour les violeurs». La cheffe de file des Insoumis à l’Assemblée nationale Mathilde Panot remercie Gisèle Pelicot pour son combat et tient à afficher son «soutien infini à toutes celles qui exigent justice» dans un message publié sur X. Pour elle, «Gisèle Pelicot incarne pour l’Histoire la fin de la honte pour les victimes, la fin de l’impunité pour les violeurs.»

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Pour Olivier Faure, «les peines inférieures aux réquisitions pour la plupart des prévenus laissent un goût d’inachevé». Sur X, le premier secrétaire du parti socialiste félicite un procès «exemplaire». «Ce procès deviendra historique si la honte change réellement de camp et si la perception de la gravité de ces crimes est enfin perçue à sa juste mesure», précise-t-il. Tout en regrettant : «Les peines inférieures aux réquisitions pour la plupart des prévenus laissent un goût d’inachevé». Enfin, Olivier Faure renvoie la balle dans le camp du gouvernement qui devrait faire du «combat contre les VSS [violences sexistes et sexuelles, ndlr] une priorité».

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«Infini respect pour Gisèle Pelicot», souffle Valérie Pécresse. La présidente de la région Île-de-France témoigne de son admiration pour la sexagénaire sur X : «Infini respect pour Gisèle Pelicot qui s’est tenue droite, digne et admirable de courage face à ses bourreaux, notamment le prédateur dont elle a partagé la vie des décennies durant», écrit-elle. Le refus du huis clos est à ses yeux un «service rendu à la société et un signal envoyé à des millions de jeunes filles et de femmes pour les inciter à ne plus se taire face aux agressions, viols et toutes formes de violences sexistes et sexuelles». De quoi l’amener à formuler, sobrement : «Merci Madame Pelicot !».

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Les grilles du tribunal d’Avignon se sont fermées. Gisèle Pelicot et ses proches sont partis. Les journalistes télé remballent patiemment leur matériel. La manifestation féministe a pris le large un peu plus loin, de l’autre côté du boulevard. On entend le bourdonnement des derniers duplex mais les au revoir chaleureux échangés entre les habitués du Palais. L’huissier de la cour criminelle, Jérôme, salue les journalistes présents, distribuant des «bonnes fêtes !» à tout va. A quelque pas de là, en s’enfonçant dans les artères avignonnaises, on croise Roger Arata, qui a troqué sa robe rouge de président pour un costume sombre et une écharpe bleu ciel.

Dans le silence ouaté de la même rue, sur une terrasse déserte, une consœur échange avec Dorian Maurant, l’auxiliaire de justice qui a supervisé la partie logistique de ce procès hors norme. Au tournant, on tombe nez à nez avec Caroline Darian, devant une caméra, en pleine interview. Son mari, Pierre Peyronnet est juste à côté. On s’éloigne encore et devant nous, apparaît la silhouette filiforme de la juriste salariée du tribunal, qui a accompagné Gisèle Pelicot pendant ces longs mois d’audience de sa présence rassurante. Elle marche vite, la tête haute, ses talons claque sur les dalles. Elle aussi finit par s’effacer dans la ville, dont les murs, tapissés d’affiches, disent encore toute la force de ce procès. Par Juliette Delage.

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A Avignon, «On est bien éduqués, on sait ce que c’est, le consentement». David Pelicot, sa femme et son fils sont de retour au palais de justice. De quoi faire lever les yeux des quelques journalistes encore présents dans la salle des pas perdus. Ils ont rendez-vous à l’étage, discutent un peu, mais pas de déclaration pour l’instant. A l’extérieur du tribunal, une rose rouge est restée accrochée sur la grille. Quelques oranges au sol, un pied de pancarte… lentement, la rue retrouve un semblant d’ordinaire. Quelques trépieds traînent encore sur le trottoir d’en face, sous la banderole «merci Gisèle» restée tendue. Trois ados traînent en attendant leur bus. Ils ont trouvé ça bien, la mobilisation autour du procès. Jules, 13 ans, a trouvé que les mobilisations étaient nécessaires, «pour que plus de gens s’intéressent au sujet». Lui, qu’en retient-il ? «On est bien éduqués, on sait ce que c’est, le consentement.» Par Stéphanie Harounyan.

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«Gisèle Pelicot sera à jamais le visage de la dignité et de la résilience» : l’hommage de Jeremy Corbyn. A l’international, le verdict des viols de Mazan continue de faire réagir. Sur X, l’ancien chef de l’opposition britannique, le travailliste Jeremy Corbyn, salue : «Gisèle Pelicot sera à jamais le visage de la dignité et de la résilience. Son courage est véritablement remarquable et elle a donné du pouvoir à des millions de femmes dans le monde entier». Avant de lancer un appel collectif : «Aujourd’hui, nous nous tenons aux côtés de toutes les survivantes de violences sexuelles et nous nous opposons aux systèmes qui les intimident et les réduisent au silence».

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Pour Gabriel Attal : «Gisèle Pelicot est venue bouleverser les consciences». Dans un long message posté sur X, l’ancien Premier ministre Gabriel Attal salue : «En demandant et en obtenant la levée du huis clos, Gisèle Pelicot a fait de ses souffrances un acte de résistance». Pour le président du groupe Ensemble à l’Assemblée nationale, la sexagénaire «est venue bouleverser les consciences». «La présentation détaillée des procédés abjects employés par Dominique Pelicot, le soin accordé pour commettre l’horreur, les images insoutenables soulèvent nos cœurs», s’émeut-il. Le député note par ailleurs la présence sur le banc des accusés d’un «jardinier, un pompier, un infirmier, un informaticien, un militaire, un chauffeur, un journaliste ou encore un plombier» âgés de 26 à 74 ans. «Nous trouvions des maris, des pères, des fils et des frères. Cela dit des choses. Des choses sur le chemin qu’il reste à parcourir pour le respect du corps de toutes les femmes. Des choses sur le chemin à faire pour que le consentement soit toujours – du début à la fin – donné et respecté», souligne-t-il.

il y a 237 jours

A Avignon : «C’est comme si la justice venait dire qu’il y a des petits, des moyens et des grands viols». S’apprêtant à rentrer, Vigdis Morisse-Herrera s’attarde encore quelques instants face au palais de justice avec d’autres militantes féministes pour commenter ce verdict. Paillettes constellant ses pommettes, elle se dit «mitigée». Fondatrice de la plateforme d’évaluation des violences Opale. care, elle salue «tous ont été condamnés» mais se dit gênée par la «diversité des peines et surtout que dans un procès comme ça, avec toutes les preuves, on se retrouve avec des accusés qui ressortent libres». Une façon, pour celle qui est venue quatre fois aux audiences, de créer une hiérarchie entre les violences. «C’est comme si la justice venait dire qu’il y a des petits, des moyens et des grands viols.» Un peu plus loin, un collage a été partiellement arraché. «La justice patriarcale détruit les femmes.» Par Marlène Thomas.

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Élisabeth Borne remercie Gisèle Pelicot pour son «courage» et sa «détermination». C’est au tour de l’ancienne Première ministre Élisabeth Borne de saluer le «courage» et la «détermination» de Gisèle Pelicot. Deux qualités qui ont «porté au grand jour le fléau des violences sexuelles et de la soumission chimique», estime-t-elle. Avant d’ajouter : «Ils contribuent à la prise de conscience et à la libération de la parole dont notre société a besoin. À nous d’être à la hauteur pour prévenir ces drames».

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Pedro Sánchez salue la «dignité» de Gisèle Pelicot. Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a salué jeudi la «dignité» de Gisèle Pelicot, après la condamnation de son mari et de 50 coaccusés pour des viols en série commis en France, estimant que «la honte» devait «changer de camp». «Quelle dignité. Merci Gisèle Pelicot», a écrit sur le réseau social X le dirigeant socialiste, à la tête d’un pays considéré comme pionnier dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, et qui a adopté depuis une vingtaine d’années une législation très pointue, notamment sur la notion de consentement.

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La foule s’évapore peu à peu, derrière le passage de Gisèle Pelicot et des proches. Quelques oranges jonchent encore le trottoir. Après avoir entonné avec la Chorale des déferlantes l’hymne des femmes au milieu du boulevard, les militantes féministes ont été priées par les forces de l’ordre de se regrouper sous les remparts. Deux pancartes ont été posées contre les pierres, l’une fait référence aux propos de l’avocat de la défense Guillaume de Palma «Un viol est un viol». La deuxième est un pied de nez aux plaidoiries, toujours de la défense, ayant dénoncé une «hystérisation des débats». Elle proclame : «Le problème ce ne sont pas les féministes mais les violeurs». Par Marlène Thomas.

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A Paris : Dominique Pelicot est «symptomatique d’un problème systémique». Eva Darlan, comédienne et écrivaine, vient soutenir malgré la pluie le rassemblement de soutien à Gisèle Pelicot, devant le tribunal de Paris. Elle affirme que l’affaire Mazan est «un précédent, un choc pour le monde entier». Il reste du chemin à parcourir avant de voir disparaître la «culture du viol» : «Je regrette que l’on érige Dominique Pelicot en monstre, alors qu’il est symptomatique d’un problème systémique, profondément ancré dans la société. La moitié de l’humanité n’est pas à disposition de l’autre». L’Hymne des femmes résonne une dernière fois sur l’esplanade, tout comme il résonnait en même temps à Avignon. A Paris, banderoles et drapeaux se replient doucement, les militants se quittent sourire aux lèvres, et cherchent un troquet pour se réchauffer. Par Hugo Bachelet.

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Moment d’histoire : voici la déclaration complète de Gisèle Pelicot après le verdict.

«C’est avec une profonde émotion que je m’exprime aujourd’hui devant vous. Ce procès a été une épreuve très difficile. Et à cet instant, je pense en premier lieu à mes trois enfants, David, Caroline et Florian. Je pense également à mes petits-enfants, parce qu’ils sont l’avenir, et c’est aussi pour eux que j’ai mené ce combat, ainsi qu’à mes belles-filles, Aurore et Céline. Je pense aussi à toutes les autres familles touchées par ce drame. Je pense enfin aux victimes non reconnues, dont les histoires demeurent souvent dans l’ombre. Je veux que vous sachiez que nous partageons le même combat.

Je souhaite exprimer ma gratitude la plus profonde à toutes les personnes qui m’ont soutenue tout au long de cette épreuve. Vos témoignages m’ont bouleversée et j’y ai puisé la force de revenir chaque jour pour affronter ces longues journées d’audience. Je remercie également l’Association d’aide aux victimes, dont le soutien sans faille m’a été inestimable.

A tous les journalistes qui ont suivi cette affaire depuis son origine, je souhaite exprimer ma reconnaissance pour le traitement fidèle, respectueux et digne dans lequel ils ont rendu compte quotidiennement de ces audiences. A mes avocats enfin, ils savent toute la reconnaissance et l’estime que je leur porte pour m’avoir accompagnée à chaque étape de ce douloureux parcours.

J’ai voulu, en ouvrant les portes de ce procès le 2 septembre dernier, que la société puisse se saisir des débats qui s’y sont tenus. Je n’ai jamais regretté cette décision. J’ai confiance à présent en notre capacité à saisir collectivement un avenir dans lequel chacun, femme et homme, puisse vivre en harmonie, dans le respect et la compréhension mutuelle.»

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A Paris : «Levons-nous femmes esclaves /Debout, debout !» Les militants entonnent l’Hymne des femmes, chant historique du MLF depuis les années 70. Le vent fait battre drapeaux et pancartes sur l’esplanade du tribunal de Paris. «C’est un chant de la sororité, il représente ce que nous avons toutes vécu pendant ce procès», explique Marie-Noëlle Bas, présidente de l’association Chiennes de Garde. Les rangs du rassemblement en soutien à Gisèle Pelicot continuent de grossir, ainsi que le nombre de journalistes présents. «La vraie victoire, c’est que l’héroïne de ce terrible procès a montré à la face du monde ce qu’est la culture du viol et que les choses sont en train de changer», estime une militante. Par Hugo Bachelet.

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Gisèle Pelicot sort du palais de justice. Gisèle Pelicot, protégée dans un couloir de policiers, sort acclamée du palais de justice, suivie de ses enfants et de son petit-fils. Dehors, les voix s’emmêlent. «Merci Gisèle !» «Merci !», «Merci Caroline !», en hommage à sa fille, Caroline Darian, qui porte depuis la publication de son livre «Et j’ai cessé de t’appeler papa» un combat public contre la soumission chimique. Le cortège s’efface dans la foule et dans Avignon pendant que s’élèvent des chants féministes, en chœur. Par Juliette Delage.

il y a 237 jours

«Attention, attention» s’inquiète David Pelicot face à la cohue. Devant lui, sa mère et ses deux avocats sont encadrés par un solide cordon de sécurité. Les trois enfants de Gisèle Pelicot sont derrière une première haie de caméras. Dans la foule, une manifestante aperçoit Caroline, le visage fermé. «Merci Caroline !» lance-t-elle, reprise en écho par d’autres. Par Stéphanie Harounyan.