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Analyse

En Guadeloupe, le fléau des violences conjugales

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En quatre ans, le nombre de dépôts de plaintes pour violences conjugales a augmenté de 30 % sur l’île, alors même que les signalements demeurent sous-estimés.
Au siège de l’association d’aide aux victimes de violences Guadav, à Pointe-à-Pitre le 14 mars 2025. (Sandrine Gueymard/Hans Lucas pour Libération)
par Ludovic Clerima, correspondant en Guadeloupe
publié le 19 mars 2025 à 15h58

Des chiffres alarmants. Selon le ministère de l’Intérieur, on dénombrait en 2023 douze victimes de violences conjugales pour 1 000 habitants en Guadeloupe, contre 10,6 à l’échelle hexagonale. 1 721 actes ont été recensés sur l’île en 2023 et depuis 2021, les dépôts de plaintes ont progressé de 30 %, selon les données officielles. Des actes qui, d’après Sandra François, directrice de l’association d’aide aux victimes Guadav, sont de plus en plus violents : «Aujourd’hui, certaines victimes me parlent de conjoints qui leur ont mutilé les parties intimes. En 2021, une femme a perdu un œil. Une autre a été forcée d’avoir des rapports sexuels devant son enfant de 7 ans. On me parle de menaces avec des armes à feu. De viols avec des objets.»

Les raisons qui permettent d’expliquer l’ampleur du phénomène sont multiples, sans que l’on ne puisse véritablement les confirmer : «On ne peut avancer qu’avec précaution la piste historique, avec l’esclavage qui a été une vaste entreprise de dévirilisation des hommes. Cela peut entraîner par la suite une survalorisation de la virilité qui fait que certains réagissent plus violemment s’ils ont l’impression que l’autre leur manque de respect.»

Une thèse en partie partagée par Errol Nuissier, psychologue clinicien, auteur de plusieurs ouvrages sur la société antillaise dont les Violences dans les sociétés créoles (Caraïbéditions, 2014) : «La période de l’esclavage a exclu l’homme de la société et la violence à l’œuvre aujour