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Justice

En procès à Marseille, la BAC fait bloc

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Soupçonnés d’avoir volé ou extorqué des dealers, les policiers de la brigade anticriminalité des Quartiers Nord tentent de se justifier et mettent en cause la pression hiérarchique.
Lors de l'ouverture du procès des fonctionnaires de la BAC Nord, le 12 avril au tribunal correctionnel de Marseille. (Patrick Gherdoussi/Libération)
par Samantha Rouchard, correspondance à Marseille
publié le 16 avril 2021 à 20h30

«Pourquoi s’affranchir de la règle de droit ? Vous étiez dans la toute-puissance ou vous vouliez faire le beau tacle avec sa gouaille habituelle André Ribes, procureur de la République adjoint de Marseille à destination de Matthieu P., ex-policier de la BAC Nord. Le brigadier soupçonné de vol aggravé pour avoir, entre février et octobre 2012, subtilisé à un vendeur à la sauvette une cartouche de cigarettes et deux bouteilles d’alcool alors qu’il était en service. «Aujourd’hui, je bosse beaucoup plus intelligemment. Avec le recul et la sagesse, je n’aurais pas agi de la sorte», regrette l’ancien «baqueux», qui a rebondi depuis peu aux renseignements territoriaux, à Bordeaux.

L’homme, la quarantaine fatiguée, est l’un des premiers à passer à la barre. Il est l’un des moins accablés par les charges qui pèsent contre lui, mais fait partie des 18 fonctionnaires et ex-agents de police de la brigade anticriminalité des Quartiers Nord de la ville jugés depuis le début de la semaine au tribunal correctionnel de Marseille. Il leur est reproché d’avoir volé ou extorqué des dealers et revendeurs de cigarettes de contrebande. Les faits ayant été commis en réunion et par personnes dépositaires de l’autorité publique, ils encourent jusqu’à dix ans de prison.

L’affaire dite des «flics ripoux» de la BAC Nord de Marseille, comme les surnomme la presse, a tenu du petit séisme national. Jacques Dallest, alors procureur de la République, n’avait pas hésité à parler d’un