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A la barre

«En quarante ans, je n’ai jamais vu une situation comme ça» : la charge de François Molins au procès de l’ex-patron des stups François Thierry

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Entendu comme témoin devant la cour criminelle du Rhône, l’ancien procureur de Paris, aujourd’hui à la retraite, a dénoncé certaines méthodes de l’Office des stups et de son patron déchu, en particulier le recours débridé aux informateurs.
François Molins, ancien procureur de la République de Paris à sa sortie du tribunal à Lyon, le 24 septembre. (Bruno Amsellem/Libération)
publié le 24 septembre 2024 à 22h02

Parmi la vingtaine de témoins cités à comparaître au procès de François Thierry, son audition était l’une des plus attendues. Arrivé en catimini devant la cour criminelle du Rhône, l’ancien procureur de la République de Paris, François Molins a livré un réquisitoire sévère contre les méthodes de l’ex-patron de l’Office des stups. Ce dernier est jugé depuis lundi pour avoir extrait de prison en avril 2012 un de ses informateurs, le trafiquant Sophiane Hambli, afin de lui permettre de piloter une gigantesque importation de résine de cannabis depuis l’Espagne dans le cadre d’une fausse garde à vue dans une suite d’hôtel. A l’époque, cette mesure fantôme a bénéficié du soutien de la procureur adjointe en charge de la criminalité organisée au parquet de Paris, Véronique Degermann, qui a toujours affirmé avoir été «abusée» par François Thierry et a finalement échappé au procès.

Nommé cinq mois plus tôt à la tête du parquet de Paris, François Molins est alors loin d’avoir les mains dans l’opérationnel. Sa juridiction, qui chapeaute aussi bien le terrorisme que la grande criminalité organisée, ne compte pas moins de 15 sections, 125 magistrats et 300 fonctionnaires. A défaut d’avoir une vue précise sur toutes les affaires, le procureur surveille «les plus sensibles». Mais pas la garde à vue