Sept prévenus, six condamnations. Trois mois après le procès d’opposants au projet d’enfouissement de déchets nucléaires de Bure (Meuse), renvoyés notamment pour «association de malfaiteurs», «participation à une manifestation illicite» et «violences», le tribunal correctionnel de Bar-le-Duc a rendu, ce mardi, son jugement. Deux personnes écopent de peines de prison ferme, de douze et neuf mois. Trois autres de neuf mois de sursis, un autre de six mois avec sursis. Le septième a été relaxé. Ils ont été reconnus coupables d’avoir organisé ou participé, le 15 août 2017, à une manifestation non déclarée émaillée par des affrontements avec les forces de l’ordre et pour avoir participé à un attroupement après des sommations de dispersions. «Des délits politiques», affirme la défense. Une seule relaxe totale a été prononcée. «Ces peines sont hautes», selon Me Alice Becker, une des avocates des prévenus, et semblent entrer en contradiction avec l’abandon des délits «d’association de malfaiteurs» et de «délit en bande organisée». Pendant les trois jours d’audience, la défense, organisée collectivement, s’est attachée à démontrer l’instrumentalisation de ces chefs à des fins «politiques» et la «partialité de l’instruction». Inlassablement, ils ont martelé que ce procès n’était rien d’autre que «celui d’une cause», celle de la lutte contre l’enfouissement de déchets radioactifs.
A lire aussi
«Le mal est fait»
Le parquet de Bar-Le-Duc avait requis un an de prison ferme contre un des prévenus et des peines allant de dix à dix-huit mois avec sursis contre les six autres. Pendant plus de trois ans, l’enquête, ouverte à la fin du mois de juillet 2017, a mobilisé des moyens techniques et humains titanesques, dignes de la lutte contre le terrorisme et le grand banditisme, en partie révélée par Libération. Les délits «d’accusation de malfaiteurs» et de «bande organisée» ont «fourni le prétexte pour écouter [les prévenus], les perquisitionner, les surveiller, les contrôler et les éloigner de la Meuse et de la Haute-Marne», ont souligné les opposantes et opposants antinucléaires et leurs avocats dans un communiqué, quelques heures après le délibéré. «Le mal est fait, insiste Me Alice Becker, les moyens d’investigation et les contrôles judiciaires mis en place ont empêché des militants de se retrouver et ont fait peur au mouvement» pendant toute la durée de l’instruction. Des collectifs d’opposition au projet Cigéo se sont retrouvés ce mardi devant la cour d’appel de Nancy pour dénoncer «des peines lourdement disproportionnées».