Menu
Libération
Diplomatie

Enlèvement d’un influenceur algérien en France : Alger fustige la détention «inadmissible» d’un de ses agents consulaires

Influenceurdossier
Soupçonné d’être impliqué dans l’enlèvement d’un opposant au pouvoir, un agent consulaire algérien a été mis en examen vendredi à Paris. Alger a averti samedi 12 avril que cela «causera un grand dommage aux relations algéro-françaises».
Le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot, au côté du président Abdelmadjid Tebboune, le 6 avril 2025 à Alger. (-/AFP)
publié le 13 avril 2025 à 8h37
(mis à jour le 13 avril 2025 à 11h12)

L’heure était pourtant à la détente entre Alger et Paris. L’Algérie a exprimé samedi 12 avril au soir «sa vive protestation» après le placement en détention en France d’un de ses agents consulaires, soupçonné d’implication dans l’enlèvement fin avril 2024 sur le sol français de l’influenceur algérien Amir Boukhors. «Ce nouveau développement inadmissible et inqualifiable causera un grand dommage aux relations algéro-françaises», a averti le ministère algérien des Affaires étrangères dans un communiqué, promettant de ne pas «laisser cette situation sans conséquences».

Trois hommes, dont l’un travaille dans l’un des consulats d’Algérie en France, ont été mis en examen vendredi à Paris, soupçonnés d’être impliqués dans l’enlèvement d’Amir Boukhors, dit «Amir DZ», un opposant au pouvoir algérien en place. Ils sont poursuivis pour arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire suivie de libération avant le septième jour, en relation avec une entreprise terroriste, a indiqué samedi le parquet national antiterroriste (Pnat).

Amir Boukhors est un influenceur algérien installé en France depuis 2016, dont l’Algérie réclamait le retour pour le juger. Il a obtenu l’asile politique en 2023. Le ministère algérien a dit avoir reçu l’ambassadeur de France pour «exprimer la vive protestation» d’Alger. Sur «la forme», l’Algérie a rappelé que «l’agent consulaire a été arrêté en pleine voie publique puis placé en garde à vue sans notification par le canal diplomatique». Sur «le fond», Alger dénonce «l’argumentaire vermoulu et farfelu» du ministère de l’Intérieur français, estimant que cette «cabale judiciaire inadmissible» repose «sur le seul fait que le téléphone mobile de l’agent consulaire inculpé aurait borné autour de l’adresse du domicile de l’énergumène» Amir Boukhors.

Vives tensions pendant huit mois

«Ce tournant judiciaire, inédit dans les annales des relations algéro-françaises, n’est pas le fruit du hasard», a poursuivi le ministère. Il se produit «à des fins de torpillage du processus de relance des relations bilatérales convenu entre les deux chefs d’Etat [français et algérien] lors de leur récent entretien téléphonique», a-t-il estimé, avant d’exiger la libération «immédiate» de l’agent.

L’autorité judiciaire française «agit en toute indépendance», a réagi ce dimanche une source diplomatique française. «Nous ne commentons pas une enquête en cours. L’autorité judiciaire […] est seule compétente pour se prononcer», a déclaré cette source.

De vives tensions ont affecté pendant huit mois les relations entre l’Algérie et la France, depuis qu’Emmanuel Macron a décidé fin juillet de soutenir un plan d’autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental, où les indépendantistes du Polisario sont soutenus par Alger. Elles se sont encore aggravées notamment avec l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal.

Ces tensions se sont néanmoins un peu apaisées ces derniers jours, à la faveur notamment d’un appel le 31 mars entre Emmanuel Macron et le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, ayant acté la reprise du dialogue bilatéral.

Mise à jour à 11 h 11 avec la réaction d’une source diplomatique française.