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Justice

Enlèvement d’un influenceur algérien en France : trois personnes mises en examen et placées en détention provisoire

L’opposant au régime Amir DZ, qui a obtenu l’asile politique en France, avait été enlevé en avril 2024. Selon les informations de «Libé», une information judiciaire a été ouverte par le Parquet national antiterroriste ce vendredi 11 avril, pour «enlèvement, séquestration ou détention arbitraire en relation avec une entreprise terroriste».
Amir Boukhors, dit «Amir DZ», lors d'une manifestation contre l'ancien président Abdelaziz Bouteflika, à Paris, en mars 2019. (Augustin Le Gall/HAYTHAM. REA)
publié le 11 avril 2025 à 18h02
(mis à jour le 11 avril 2025 à 23h53)

Trois personnes ont été mises en examen et placées en détention provisoire dans le cadre de l’enquête après l’enlèvement d’Amir Boukhors, dit «Amir DZ», le 29 avril 2024, a appris Libération ce vendredi 11 avril auprès du parquet national antiterroriste (Pnat). L’influenceur et opposant au régime algérien avait été enlevé par de faux policiers sur le sol français alors qu’il a obtenu l’asile politique le 23 octobre 2023.

Le Pnat confirme également qu’une information judiciaire a été ouverte pour «participation à une association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d’un ou de plusieurs crimes d’atteinte aux personnes» et pour «arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire suivi de libération le 7e jour et en relation avec une entreprise terroriste».

Un peu plus tôt dans la journée, l’avocat d’Amir Boukhors, Me Eric Plouvier, se réjouissait de l’ouverture de cette information judiciaire, qui «montre qu’une puissance étrangère, l’Algérie, n’a pas hésité à mener une action violente sur le sol français par l’intimidation et la terreur de nature à porter atteinte à la vie».

Libération apprenait déjà cette semaine que quatre personnes avaient été arrêtées et placées en garde à vue mardi 8 avril dans cette même affaire, confirmant une information du Parisien. Selon le journal, les enquêteurs de l’antiterrorisme et des renseignements intérieurs s’orienteraient vers la piste d’une tentative d’ingérence de l’Etat algérien. «Ce tournant judiciaire de l’enquête avec l’arrestation d’agents liés au régime algérien et leur présentation à un juge révèle aussi que les faits du 29 avril 2024 sont une affaire d’Etat», estime Me Eric Plouvier. Celui-ci ajoute que son client «s’est immédiatement constitué partie civile» et dit espérer que «l’instruction ouverte permettra de mesurer l’implication d’Alger» dans cet enlèvement.

Le rôle flou d’un fonctionnaire de Bercy

Selon le Parisien, les enquêteurs suivent la piste d’un contrat d’assassinat potentiellement commandité par un membre du consulat d’Algérie, qui aurait lui-même été «recruté» par un fonctionnaire de Bercy déjà soupçonné d’espionnage au profit d’Alger. Une assistante sociale de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) lui fournissait également des renseignements sur des opposants au régime en place à Alger. Le fonctionnaire de Bercy a été mis en examen au mois de mars.

Fervent opposant au régime d’Abdelmadjid Tebboune, très critique de la gouvernance algérienne et à l’origine de révélations sur des faits de corruption concernant l’armée, Amir DZ est visé par sept mandats d’arrêt algériens. Poursuivi pour des motifs allant du terrorisme à l’escroquerie, il risque la peine de mort. C’est pour cette raison que la France lui a accordé l’asile politique en octobre 2023 et a toujours refusé d’extrader cet homme de 42 ans.

Mise à jour : à 23 h 53, ajout des réponses du Pnat et des trois mises en examen.