C’est un jour de cagnard écrasant, option mer d’huile et coups de soleil. Entre les marinières et les tongs brésiliennes, les barboteurs en maillot et les mangeurs de homards, difficile d’imaginer le mystère du «voleur d’eau» venu secouer l’île de Sein (Finistère), quelques mois plus tôt, dans la rudesse de l’hiver. Pendant deux ans, la commune a subi de lourdes «fuites» d’eau potable, entraînant moult désagréments pour ses quelque 150 résidents permanents. «On ne sait pas ce qui s’est passé, c’est étrange… Il s’en passe des choses, ici !» sourit un local pour camper cette énigme entre Clochemerle et Cluedo, certes sans cadavre ni chandelier, mais qui a vu l’équivalent de 200 000 euros s’évaporer dans la nature, selon les estimations de la municipalité. Un véritable «casse» de l’or bleu. L’affaire, qui n’aurait rien d’accidentel mais serait le résultat d’un acte de malveillance, a plongé l’endroit dans un huis clos teinté de soupçons et de non-dits.
L’île de Sein, c’est environ 500 mètres de large pour 1 500 mètres de long, un filet de terre au milieu de la mer d’Iroise, dans le prolongement de la pointe du Raz et ses courants redoutés des marins. Un caillou rase-mottes – 1,50 mètre au-dessus de la mer – pelé par des vents féroces. Un bourg miniature, ses pittoresques maisons de pierre, ses volets bleus et ses façades colorées – rose, vert ou jaune poussin – comme un paquet de Haribo. Un paradis à couper le souffle et exempté d’impôts locaux depuis le XVIIIe siècle. Un