L’objectif est de répondre à la colère des personnels des établissements pénitentiaires, secoués par la mort de deux agents lors de l’évasion ultra-violente de Mohamed Amra mi-mai. Questionné lors du Grand Jury RTL, Le Figaro, Paris Première, M6, le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a affirmé avoir «acté» une «trentaine de mesures» discutées avec l’intersyndicale des gardiens de prison et les directeurs d’établissements pénitentiaires. «Il y a notamment la question des fouilles. Les fouilles aujourd’hui ne sont pas autorisées quand elles sont systématiques, donc j’envisage une modification possible à venir […] pour des fouilles qui soient plus systématiques», a déclaré le garde des Sceaux.
Fouilles et comparutions en visioconférence pour les détenus
Quand un détenu récupère un téléphone portable, grâce à des drones envoyés au-dessus de la prison, «il faut pouvoir le fouiller pour le trouver, la législation ne le permet pas […] et ce depuis 2009», a-t-il ajouté. Cette modification, comme d’autres bientôt passées en revue par le Parlement, sera «raccrochée au texte sur le grand banditisme et le narcotrafic» qui doit être présenté à l’automne.
Récit
Parmi les autres mesures «d’application immédiate» auxquelles le ministre a «fait droit immédiatement», il y a la possibilité de «transférer des détenus sans logo de l’administration pénitentiaire», le «holster de poitrine» (une arme placée sur la poitrine), le «gyrophare sur tous les véhicules». Le garde des Sceaux a aussi évoqué une plus grande utilisation de la comparution des détenus via visioconférence pour éviter les transferts et donc les risques d’attaques. Visioconférence qui devrait être évoquée lundi 3 juin avec les syndicats de magistrats.
Récit
Eric Dupond-Moretti a aussi affirmé avoir, avant l’attaque, mis en place «des systèmes anti-drones», qui seront «doublés», ainsi qu’une «vingtaine» de brouilleurs, un dispositif empêchant les communications téléphoniques, un chiffre qui va «doubler d’ici 2025». Il a aussi déclaré que «6 000 agents pénitentiaires de plus» avaient été embauchés grâce aux hausses budgétaires.
Toujours recherché par les services de police, en France et à l’étranger, Mohamed Amra, un détenu multirécidiviste impliqué dans le trafic de stupéfiants, s’est évadé au cours de l’attaque d’un fourgon de l’administration pénitentiaire qui le transportait au péage d’Incarville (Eure). L’attaque a causé la mort de deux agents et trois autres ont été blessés. Elle a entraîné une mobilisation de la profession et un blocage des prisons pendant plusieurs jours, avant qu’un accord ne soit trouvé avec le ministère, notamment sur la sécurisation des missions de transfèrement.