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Justice

Contestation de crime contre l’humanité : Zemmour condamné pour avoir érigé Pétain en «sauveur» des juifs français

La figure d’extrême droite a écopé d’une amende de 10 000 euros ce mercredi 2 avril pour contestation de crime contre l’humanité. Il avait soutenu en 2019 que le maréchal Pétain avait «sauvé» des juifs français pendant la Seconde Guerre mondiale.
Eric Zemmour à la Maison de la Chimie en mars 2022. (Denis Allard/Libération)
publié le 2 avril 2025 à 14h47
(mis à jour le 2 avril 2025 à 14h55)

Une ligne de plus dans le casier judiciaire d’Eric Zemmour. Une semaine après avoir été condamné le 26 mars pour injure raciale pour avoir stigmatisé l’existence de «deux France» après les violences à Crépol, le président de Reconquête, 66 ans, a écopé d’une amende de 10 000 euros, pour contestation de crime contre l’humanité. En octobre 2019, lors d’un débat avec Bernard-Henri Lévy dans l’émission Face à l’info sur CNews, plateau télé où il avait alors son rond de serviette, celui qui n’était encore qu’un polémiste d’extrême droite avait soutenu que le maréchal Pétain avait «sauvé» des juifs français pendant la Seconde Guerre mondiale.

«Un jour […] vous avez osé dire que Pétain avait sauvé les juifs», avait à l’époque déclaré Bernard-Henri Lévy. «Français, précisez, précisez, français», l’avait interrompu Eric Zemmour. «Ou avait sauvé les juifs français. C’est une monstruosité, c’est du révisionnisme», avait poursuivi Lévy. «C’est encore une fois le réel, je suis désolé», lui avait répondu Zemmour, au mépris de toute vérité historique. Dans un communiqué ce mercredi, Eric Zemmour affirme qu’il n’a «à aucun moment souhaité “défendre Pétain”». Il a par ailleurs annoncé qu’il formerait un pourvoi en cassation.

Dans ce dossier, Eric Zemmour avait bénéficié de deux relaxes : en première instance en 2021 et en appel en 2022. Le 12 mai 2022, la cour d’appel avait ainsi estimé que, si les propos «peuvent heurter les familles de déportés», ils «n’ont pas pour objet de contester ou de minorer, fût-ce de façon marginale, le nombre des victimes de la déportation ou la politique d’extermination dans les camps de concentration». Elle avait rappelé que Philippe Pétain, chef du gouvernement du régime de Vichy, n’avait pas été condamné «pour un ou plusieurs crimes contre l’humanité» lors de son procès à la Libération, mais pour «attentat contre la sûreté intérieure de l’Etat» et «intelligences avec l’ennemi».

Mais, en 2023, la Cour de cassation, saisie par le parquet général ainsi que cinq associations antiracistes, en avait ensuite annulé sa relaxe, estimant que «les propos reprochés peuvent constituer un délit, même s’ils portent sur une personnalité qui n’a pas été condamnée pour crime contre l’humanité». Ce mercredi, la cour d’appel a par ailleurs condamné la figure d’extrême droite à verser un euro de dommages et intérêts et 1 200 euros au titre des frais de justice à chacune des cinq associations parties civiles.